Personnellement, je n’avais vu que des modèles Topo Athletic en magasin. Jamais mis au pied, aperçu aux pieds de rares coureurs… Et j’ai pourtant testé de très nombreuses marques. C’est donc avec curiosité et grande attention que je m’attèle au test du modèle CYCLONE.
TOPO ATHLETIC CYCLONE

TOPO ATHLETIC est une marque américaine fondée en 2013 par Tony Post. Un véritable passionné qui courait il y a déjà longtemps et qui, après 35 ans passé dans l’industrie de la chaussure, s’est lancé considérant qu’il pouvait apporter quelque chose à tous les coureurs qui se blessaient en pratiquant.
La base de Topo Athletic, c’est de vouloir laisser au pied le loisir de bouger naturellement. Sur l’ensemble des chaussures, il y a donc un travail fait sur la forme du chaussant, pour laisser la place aux orteils, sur différents drops (de zéro à 5 mm) et différentes hauteurs de semelle.
Découverte
224 gr / drop 5 (28 – 23 mm)
A la prise en main, on remarque assez rapidement les finitions soignées sur le chaussant et le mesh. Notamment sur le col autour de la cheville, très fin, avec une forme évasée vers le talon. Sur l’intérieur, sur les oeillets et sur les renforts au talon, la matière est douce (toujours fine) telle une peau de chamois. Le mesh est visiblement bien aéré, notamment sur la toebox.
La semelle extérieure semble bénéficier d’une bonne épaisseur, ce qui rassure sur l’usure est indique que l’utilisation peut être fréquente. La semelle intermédiaire est assez épaisse : on est perché sur 28 mm, ce qui commence à faire. Ça paraît plus haut, mais c’est dû à la forme alors que le chaussant à l’intérieur est plus bas. Il faut s’attendre à être installé comme dans un siège baquet de voiture.
La flexibilité, en main, est correcte. En longueur, elle plie au niveau de la base des métas, et en largeur, la torsion est tout de même assez retenue.

Premiers essais
Le pied passé à l’intérieur, la toebox (« boîte à orteils ») respecte parfaitement la forme du pied. Les doigts peuvent parfaitement bouger, mais je ne sens pas un manque de tenue à ce niveau (pied plutôt fin). Les lacets sont astucieusement passés dans deux points attachés à la languette. Elle reste en place. Pied plutôt fin donc, je sens plus d’espace autour de la cheville, avec un col légèrement écarté, et un talon qui s’évase vers le tendon d’Achille. Bien qu’au niveau de la base, la forme est bien adaptée.
Le contact avec le mesh est agréable, et je sens la semelle plutôt souple. Si on l’écrase franchement, on comprend qu’il y a de l’amorti. Cela dit, lors des premières foulées, l’écrasement est limité, le point dur n’est pas si loin, et le drop 5 mm fait qu’on ne reste pas longtemps sur l’appui.
Le poids tout à fait correct permet, en chauffant, de pousser l’allure sans trop de fatigue. Bien que j’hésite au début sur ses vraies capacités. Sur les chemins de campagne ou sur la route, la semelle extérieure passe très bien. Elle absorbe les irrégularités, et adoucit le contact au bitume.
On va pousser un peu les allures, varier, et vérifier si tout se passe bien…
Test poussé
Les capacités dynamiques de ce modèle Cyclone sont tout à fait correctes. Le drop 5 mm permet de ne pas tarder sur l’appui.
Lors de lignes droites ou de côtes courtes, la réactivité est tout de même limitée (épaisseur, léger enfoncement dans la semelle). On s’y sent plutôt bien une fois une certaine vitesse atteinte. Elle coûte un poil d’énergie au niveau des muscles posturaux (bas de la jambe).
Les allures qui semblent lui convenir le mieux sont celles passées au seuil, légèrement en dessus ou en dessous. La légèreté et la réactivité permettent de soutenir de bonnes allures de manière prolongées. Je n’ai pas senti, au bout de 20 km, cette caractéristique s’affaiblir. Ce qui me laisse à penser qu’on peut l’emmener bien plus loi, pourquoi pas un marathon…?
L’amorti permet de bien passer les kilomètres et de courir en se lâchant dans les descentes : les chocs sont bien atténués, ce qui épargne un peu le corps. Les terrains vallonnés sont donc un terrain de jeu qui s’y prête bien.
De manière générale, ce chaussant est parfait sur l’avant du pied. De l’espace, mais pas de mouvements latéraux. Sur la partie arrière, il est un peu lâche pour ma morphologie. Cela dit, bien calé à l’avant avec un coup de pied solidaire avec le mesh, le talon se plaque aussi contre le produit en montant. Il y a des moments où on le sent un peu, d’autres où on oublie complètement… Pour des chevilles moins fines, ce sera encore mieux.
Je note une excellente stabilité : l’attaque extérieure (supinateurs) ne sera pas trop permise, mais de ce côté, comme vers l’autre, le pied garde un bon axe. Sur les mauvaises routes ou légers dévers, et même sur chemins, les torsions latérales sont parfaitement maîtrisées. Avec les 28 mm de hauteur, il fallait bien ça. Du coup, c’est bon sur ce plan.
L’aération est restée de bonne qualité, le mesh est bien entendu salissant, mais aucune fragilité détectée. Le laçage est la languette ne posent aucun soucis.
Si vous êtes habitués aux chaussures plus minimalistes : la hauteur perturbe un poil les sensations de pied. D’ailleurs, si la toebox permet une bonne mobilité des orteils, le mode « siège baquet » gêne un peu plus dans le sens ou j’ai senti un léger soutien de la voûte entre le talon et le début de l’arche du pied, à l’intérieur. On n’est pas 100 % « free ».
Le drop 5 mm sur ce modèle me semble bien ajusté, du moment où le talon pourra « servir » ou dépasser en cas de fatigue sur les longues distances. Un drop 25/20 mm voir 23/18 mm équilibrerait un peu mieux les « forces » : le bloc semelle réserve la majeure partie du poids, et au bout d’une longue jambe fine, ce n’est pas l’idéal. Des coureurs aux jambes plus courtes et plus fortes sentiront moins cela, possiblement.
Bilan
C’est un produit qui s’aligne sur le secteur d’une chaussure d’une autre marque, au drop 4 mm, aux proportions poids / drop très proches (Kinv…). Avec des différences, bien sûr.
Globalement, un produit qui inspire la confiance en terme d’utilisation, d’usure. Les allures au seuil tireront avantage de ses qualités, qui présentent malgré un certain amorti, une réactivité satisfaisante. Les marathoniens pourraient bien être tentés par cette paire.
Même à 224 gr, les coureurs plus lourds (moins de 80/85 kg chez les hommes, 65/70 kg chez les femmes) pourront l’utiliser pour des sorties dynamiques ou du fractionné.
Le chaussant et la stabilité tiennent la route. Et si la paire est moins connue que d’autres, elle n’en présentent pas moins des qualités certaines.