Test KIPRUN KD900X.2

Premier test de la marque de française de running KIPRUN (Décathlon), même si personnellement j’ai déjà couru avec des modèles de la marque comme les KD 900 light, les Race Light (trail), ou même un bon vieux modèle appelé encore Kipsta il y a plus de 20 ans.

Premier test d’un modèle carbone, même si là aussi j’ai déjà couru avec deux autres modèles carbone de marques différentes, ne ressemblant pas à celui-ci.

Autres informations : je suis plutôt un coureur adepte des chaussures à tendance minimaliste : profil plus proche du sol, drop peu élevé. Mais ce qui ne m’empêche pas d’être critique et toujours questionnant concernant les chaussures, leur intérêt, leur cible.

Il y a de quoi dire et j’essaierai de tout mettre en perspective !

KIPRUN KD900X.2

Dimensions : drop 8 mm (40 mm à l’arrière, 32 mm à l’avant) / poids = 195 gr

Introduction – description

Pas très habitué aux stack élevés, celle-ci est au max de ce qui est « légal » d’avoir en compétition (règles World Athletics). Les lignes du design donnent l’impression que non. Le chaussant est légèrement « baquet » à l’arrière (= la semelle déborde légèrement sur les côtés du talon, offrant un « siège » comme accueil). Design bien identifiable… Mais qui évolue ! Ce qui fait que les rares pointures qui restent sont en promo ! Profitez-en… Sinon le look rafraîchi (même produit) avec le logo « K » (de Kiprun) sort à 140 €, soit 10 de plus que le modèle testé s’il était neuf…

La forme générale paraît tout à fait classique, sans déformation exagérée (marketing ?) que l’on voit sur les modèles carbone. L’avant pied est à peine relevé, pas d’effet « rocker ». De même sur la semelle extérieure, pas de forme « architecturale », juste un petit creux pour laisser la plaque visible.

La mesh est transparent en partie, mais ne semble pas fragile. Les mousses dans le chaussant sont présentes, peu épaisses mais semble-t-il suffisante. Il ne faut pas trop tester la souplesse du chaussant, au risque de les casser. Mais, sans forcer, on voit tout de même qu’à l’avant il y a un degré de souplesse (plaque carbone = rigidité).

En avant !

Le chaussant est tout à fait agréable, la tenu du pied est bonne à l’avant, l’espace est un peu fin, sans appuyer ni faire mal. La languette, par contre, est comme souvent trop juste… Le serrage des lacets est presque au bord. Le contact semelle / sol est souple. D’ailleurs, quand on essaie d’écraser la semelle, elle se compresse facilement… Sans s’écraser.

Bien sûr, aux premières foulées, je la sens haute. Si vous avez un peu de pronation comme moi, ça entraîne le chaussant. Du coup, le noeud avec le dernier oeillet est nécessaire. Par contre, c’est un peu plus embêtant à enfiler…

A allure souple, on sent l’effet rebond, toujours surprenant, suite à un ressenti moelleux à la réception. A allure faible, courir est agréable, mais bien sûr, a-t-on besoin du carbone pour cela…?

Je sens un grip tout à fait correct, d’ailleurs visuellement il est fin, mais pas autant que les modèles très haut de gamme, donc il me semble qu’elle encaissera mieux les kilomètres. Sur chemins de campagne, attention si vous tâtonnez également : la hauteur et le léger écrasement de la gomme n’offrent pas une stabilité maximale. Rien d’anormal dans ce que je décris. Aucun besoin d’aller plus loin pour voir les limites.

Comme toutes les carbones, plus on met d’énergie, plus elle en rend. A 14 / 15 / 16 km/h, la sensation de la semelle se fait plus ferme. Le déroulé ainsi que le rendement sont de suite meilleurs sur route plate et régulière, ainsi que sur piste. Le poids n’empêche pas d’aller vite, même s’il y a plus léger. Tout dépend aussi comment il est réparti… je vais y revenir.

Tests poussés !

Pour ce qui est de footings, si vous passez sur un chemin propres et pas trop cabossé, honnêtement, ça passe bien. La parade avec le laçage permet une bonne tenue de pied.

Concernant la stabilité, je dois prendre deux postures différentes : pour ma part, ça reste trop haut et trop moelleux par rapport à mes habitudes. Ce qui fait que, même si c’est plaisant au pied, il y a un travail musculaire du corps pour chercher à stabiliser au mieux. MAIS ça reste bien moindre comparé aux deux modèles (adidas et Asics) que j’ai chaussé. Les formes régulières et le déroulé restent fluides, il y a de manière évidente moins de travail à ce niveau-là.

J’ai pu tester le grip sur route et piste mouillée, il reste bon dans les deux cas, loin d’une « savonnette » qui glisse à cause du plastique mouillé. Donc, rien à signaler ici.

Le laçage tient bon, il est d’ailleurs suffisamment long pour être coincé entre les lacets. Pas de gêne sur le coup de pied, et la coque talonnière reste en place même à vive allure. Le mesh respire bien, les doigts de pied ne sont pas comprimés malgré un espace réduit. La languette pourrait être un peu plus longue… Mais on cherche à gagner des grammes… Autant avoir 5 gr de plus et une languette de la bonne taille, non ?

En répétant les footings, le confort est toujours à souligner, avec ce côté « agréable », mais… inutile. Je m’explique : les plaques carbone pour rester à 12 km/h ne sert à rien en terme de dynamique. Alors bien sûr quand on part sur une séance, on ne prend pas 3 paires, et on s’échauffe avec.

J’ai bien sûr testé toutes les allures possibles, entre 10 et 21 km/h je pense. Là où je trouve qu’elle s’en sort le mieux, c’est les allures « tempo » : ce genre d’allure stable, au seuil, où la plaque a son effet tout en combinant un ressenti plus ferme de la semelle. Elles donnent juste l’impression d’être plus lourdes que les 195 gr, mais globalement c’est pareil pour les chaussures maximalistes : on allège toute la structure, et le poids se retrouve sur ces semelles surdimensionnées. Ce qui fait qu’e le poids qu’il se situe sous le pied, qui plus est « éloigné » du centre de gravité. La réception donne l’impression qu’il faut forcer. Ça, c’est mon ressenti. Par contre, quand on force, il faut avouer que le rendu est lui aussi tout à fait correct : sur les 200 m à 20 km/h, ça se raffermit. Pas étonnant si Jimmy Gressier les garde sur quelques séances. Cela dit, on ne peut pas dire qu’elles sont fermes ou dures, comme je peux lire partout. Je crois qu’à force d’avoir des semelles surdimensionnées, on a oublié la valeur de ce mot…

Pour résumer sur les allures :

  • Footing : agréable, déroulé propre, mais souple, et pas très utile…
  • Tempo, seuil : compromis idéal si les allures sont stables.
  • Allure course (10, semi) = même chose, pas trop de différences.
  • Fractionné rapide : bon rendement même s’il faut engager pour avoir du rendu.

Remarques : sur des changements d’allures forts, on est un peu en retard sur le rendu avec un temps d’appui plus long que sur des chaussures classiques. Le gain en vitesse est intéressant quand on atteint l’allure, on sent que le plaque renvoie, mais c’est comme si elle mettait du temps à se mettre en route. Difficile également de mettre plus de cadence, si le temps d’appui s’allonge, et que le « ressort » de la plaque nous fait surtout allonger la foulée. Je suis aérien, mais je sais que pour aller vite, il faut réduire le temps de contact et augmenter la cadence. Une fois que la foulée est déjà allongée, il n’y a que ça… Et quand il s’agit de tenir une allure, le « confort » apporté par cette propulsion est bien là en soutien. Cependant, j’ai des pertes de repères en terme de sensations : j’aurais tendance à baisser de vitesse à sur l’allure recherchée doit être longue et constante. Je ne saurais pas non plus dire à quelle allure je cours, alors que d’habitude c’est instinctif, et que je peux être pile dans l’allure dès la première fraction.

Bilan général

Comme je le disais plus haut, il faut avoir deux avis : l’avis de moi coureur tous terrains, léger (62 kg), habitué aux produits à tendance minimaliste ou bien disons « classiques »… et les coureurs qui ont une habitude et une mécanique qui s’est adaptée aux chaussures carbone.

Moi, coureur : je pense être « non-répondeur » à ce genre de modèle. Trop d’effort sur la foulée et la concentration de l’appui, sur la récupération des oscillations, moins de sensations à cause de l’épaisseur.

MAIS : je reconnais toutefois que ce produit est plus stable que la moyenne, propose un intermédiaire au niveau du côté moelleux et de la réactivité. Il encaisse très bien l’usure que ce soit au niveau de la semelle ou du mesh.

Clairement, cela soutient l’effort musculaire avec des cuisses moins marquées après une séance, et des tendons et mollets moins douloureux le lendemain. C’est sans doute cela l’avantage des carbone, et comme le disent beaucoup, c’est sans doute dû aux nouvelles mousses.

C’est un modèle d’entraînement quotidien mais ciblé sur les diverses séances de tempo, fractionné rapide ou prolongé. Je la vois bien sur semi et marathon, sans problèmes, pour peu que le chaussant convienne bien aux pieds. Elle s’adresse aux coureurs qui s’entraîne régulièrement, quel que soit le niveau, pour peu que le coureur puisse courir au delà de 14 km/h. Elles font l’affaire pour une large palette d’allures rapides, bien que je pense que les allures stables, au seuil, seront les plus adaptées.

Autre point : clairement, elles sont sans doute dans les meilleures, si ce n’est que la KD900X.2 est peut-être même la meilleure chaussure qualité / prix du secteur. Et là-dessus, il faut saluer le travail de la marque.

KIPRUN KD900X.2

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