Il y a du bon à tirer de ces deux façons de s’entraîner : seul, ou en groupe. Il paraît assez difficilement envisageable de ne faire exclusivement que l’un des deux, même si la plupart du temps l’entraînement solo est à privilégier. Bien que, par contrainte matérielle (lieu d’habitation, de travail, déplacement, vie familiale etc), c’est vers celui-ci que l’on se dirige la plupart du temps.
Nous allons faire un point ensemble sur ces deux méthodes, voir les avantages et les limites et faire un bilan sur ce qu’il est bon de retirer d’un mélange des deux.
« Courir seul permet de mieux se connaître »
L’entraînement en solo
Comme nous le disions dans l’introduction, l’entraînement en solo est tout d’abord une nécessité matérielle : tout le monde, même avec des amis proches, ne peut se coordonner en permanence pour se retrouver à tel point, à telle heure. Le temps est précieux dans l’entraînement, et ne peut être perdu dans les déplacements.
La flexibilité est le premier avantage de s’entraîner seul. Un poids en moins dans la tête du coureur qui facilite l’organisation.
Cela permet surtout de pouvoir courir à la bonne allure. Bien sûr, quand on est dans une démarche de progression et de préparation, il faut savoir quelles sont ses propres allures idéales pour l’endurance, pour le footing actif, le travail au seuil, les allures courses etc…
> Il faut donc connaître sa VMA (Vitesse Maximale Aérobie), qui est essentielle pour savoir quelle allure adopter. Il existe plusieurs tests pour la calculer : le test sur tapis, possible dans les centres médicaux sportifs, le Vameval (tests avec bips sonores et plots sur la piste), le Cooper (max de distance en 12 min), le semi-cooper (même chose sur 6 min). Pour des raisons de facilité, le semi-cooper est le plus simple à mettre en place. Vous prenez la distance obtenue en mettre et vous divisez par 100 pour obtenir votre VMA (ex : 1480 m couru en 6 min = VMA à 14,80 km/h). On pourra revenir là dessus, mais on peut déjà conseiller de s’entraîner aussi sur piste pour imprimer les allures et les temps de passages.
Courir à la sensation est intéressant, bien sûr, mais il faut savoir courir à certaines allures pour obtenir certains effets physiologiques et développer telle qualité plutôt que telle autre. Il est inutile, je dirai plutôt dangereux, de forcer tout le temps et en toutes circonstances. « No pain, no gain » ça ne va qu’un temps : forcer vous fera progresser, forcer tout le temps vous mènera vers le sur-entraînement, la blessure et la déconvenue. D’où l’intérêt de surveiller ses allures (merci la montre GPS, ou bien le cardio, l’expérience… ou les trois !). En groupe, si vous n’êtes pas d’un niveau très proche, vous risquez de « ronronner » en restant à l’allure d’un ami plus faible, ou d’être en surrégime en voulant suivre quelqu’un. C’est important.
Courir seul permet donc de mieux se connaître (on parlait d’allure) et d’être attentif au signaux de fatigue, aux signaux de forme.
On est aussi plus concentré sur notre effort, notre allure.
On se projette aussi plus facilement dans ce pourquoi on s’entraîne, vers notre objectif de niveau à atteindre, vers notre objectif de compétition. L’imagerie mentale fonctionne plus facilement sans être perturbé par un dialogue ou une confrontation indirecte avec quelqu’un qui court à côté ou devant nous. Il se peut même que l’on ait tendance à attendre un ami, par esprit de soutien, ou à ne pas vouloir trop l’écraser ou le dominer (quand c’est le cas).
Partir seul s’entraîner forge le mental. Il n’est pas toujours évident d’aller sur une séance seul, quand on sait qu’elle sera difficile. La météo peut devenir un « adversaire », et on a satisfaction après une séance en solo de s’y être confronté.
En allant courir seul, notre esprit est libre et on fait souvent le point sur nos désirs sportifs et sur notre vie personnelle. En plein effort, on est en relation directe avec nos émotions qui peuvent nous aider à nous dépasser. On peut se faire mal, très mal, ce qui est une chose qui peut être très intime et qu’on ne dévoilerait pas obligatoirement devant les autres.
On s’entraîne surtout à sa façon, avec les habitudes qui nous conviennent bien. Si on veut s’arrêter, on s’arrête, si on a la force d’en rajouter à la fin, on peut, on n’est pas soumis aux coups de fatigue ou aux arrêts d’une autre personne.
« La course à pied est un sport individuel que l’on aime partager »
L’entraînement en groupe
L’avantage de courir à plusieurs c’est l’émulation qui ressort d’un groupe. Elle peut démultiplier pas mal de choses :
- La motivation : quand on est moins bien mentalement, quand il fait mauvais, on sait que des personnes comptent sur nous et c’est une raison pour aller s’entraîner. Inversement, on peut aussi compter sur eux pour nous « remuer », nous soutenir.
- Le dépassement de soi : certains arrivent mieux à se dépasser quand ils sont pris dans le groupe, quand ils veulent suivre un ami qui est légèrement plus fort. Les autres sont des locomotives, ou des buts intermédiaires à aller chercher.
- On travaille l’esprit de compétition sans s’en apercevoir. Certains schémas d’entraînement sont reproduits en course, avec du monde autour : relais pour tenir l’allure, mouvement dans un peloton, finish sur un fractionné…
- Le plaisir : courir en groupe n’est pas forcément synonyme de séance de fractionné. C’est aussi des sorties en endurance, en nature. On se retrouve avec des personnes que l’on apprécie pour partager foulées et dialogues, voir un moment de convivialité à la fin. La course à pied est un sport individuel que l’on aime partager
- L’esprit sportif : soutenir quelqu’un en difficulté (simplement dû à l’effort) ou en détresse (problème physique, accident…) nous apporte beaucoup humainement et véhicule des choses saines. On se sert de toutes ces émotions et de tous les ressorts psychologiques en courant !
Bilan : un mix des deux, avec avantage à l’entraînement solo
Comme on vous le disait en début d’article, pour des raisons matérielles, l’entraînement solo est déjà quelque chose que l’on fait plus régulièrement.
Le conseil n’est pas de s’isoler, car un excès de ce côté-là n’est pas souhaitable ne serait-ce que pour le lien social.
Par contre, c’est une nécessité quand on est dans une démarche de progrès, avec des objectifs de compétition, et ce quel que soit le niveau ! Vous seul connaissez votre état physique et le meilleur terrain possible autour de chez vous (quand vous y êtes depuis assez longtemps). Vous seul pouvez vous confronter à vos réticences. L’anticipation de la douleur que va provoquer une séance doit aussi s’affronter seul et vous forgera un mental solide en course. Apprendre à repérer vos signaux de forme ou de fatigue fait partie de votre construction d’athlète. Vos qualités vous sont propres et le rythme à adopter également car il vous prépare au but que VOUS souhaitez atteindre.
Cependant, cassez la routine une fois par semaine ou une fois de temps en temps en vous incluant dans un groupe. Cela vous changera les idées, vous échangerez avec les autres coureurs, vous vous ferez tirer par le groupe ou vous en serez le moteur. N’oubliez pas qu’il faut aussi relâcher le rythme de temps en temps. C’est le moment de rejoindre un ami qui court moins vite et de l’accompagner pour son footing, ou de l’aider sur une séance. Vous travaillez moins intensément et vous l’aidez. Courir en endurance permet aussi de bien oxygéner les muscles et vous fait faire du kilométrage en douceur. Si vous ne connaissez par certains coins, c’est aussi le moment pour rejoindre un groupe : ces lieux pourront être vos prochains terrains d’entraînement !
N’hésitez pas à questionner et à partager sur le sujet et sur votre propre expérience !
Mathieu, Run in Pyrénées