Que vous soyez coureur depuis un an ou depuis 40 ans, il y a de grandes chances pour que vous ayez passé les lignes de départ et d’arrivée au son de la voix de Michel Hortala. Marathon, semi-marathon, 10 km, cross, trail, triathlon, courses internationales ou courses de villages, il vous a tous accueilli pendant de longues années avec sa voix chaude et agréable, toujours compatissant, toujours humain et proche de vous.
Il a décidé qu’il était temps de prendre sa retraite derrière le micro, ce qu’il a fait fin 2017. Il continue à garder un oeil passionné sur ce qu’il se passe aujourd’hui. Moi qui court depuis 28 ans et qui l’ait croisé maintes fois, ce fut toujours associé à un bon souvenir (cross, trail ou route). M’engageant à mon tour, entre autre, comme speaker, il m’était naturel d’inverser les rôles et de lui poser des questions, au calme et sans essoufflement. Lui, le speaker « en or », apprécié des coureurs et de ses collègues.

– Bonjour Michel, et merci à toi de prendre un peu de ton temps pour répondre. Je sais que tu en as un peu plus maintenant que tu as pris ta retraite derrière le micro fin 2017. Comment as-tu pris cette décision ? Cela n’a pas été trop difficile ?
40 ans d’animations, ça fait quelques milliers d’heures au micro, debout par tous les temps, des centaines d’heures de préparation, pas mal de travail administratif, aidé par mon épouse, puisqu’à une certaine époque, nous étions une dizaine d’animateurs dans la structure que j’avais créée : MANAGEMENT & PERFORMANCES. Mais c’est aussi de nombreux déplacements à prévoir en voiture, train ou avion. Donc, il est arrivé un moment où j’ai dit « STOP », mon corps étant fatigué, saturé.
Certes, j’avais toujours la passion du sport, de l’athlétisme et du triathlon plus précisément, mais n’étant plus tout jeune, il fallait à un moment arrêter. C’est ce que j’ai fait fin 2017, entouré de ma famille et de mes amis dont tu fais partie. J’étais ému mais pas triste du tout, ayant eu le privilège de vivre des moments rares auprès de mes amis sportifs et de nombreuses personnalités que je n’aurais pas pu rencontrer hors de ce contexte.

– Comment es-tu devenu speaker ?
J’ai débuté ma carrière à Mazamet, chez moi, par des cross, puis j’ai créé les Foulées Mazamétaines qui ont eu un succès énorme et qui ont permis au grand public de découvrir les vedettes de l’époque : Saïd AOUITA, Alex GONZALEZ, Bernard FAURE, Joseph MAHMOUD, Dominique CHAUVELIER, David CLARKE, Karel LISMONT, Pierre LEVISSE, Thierry WATRICE… Ce sont les Foulées Mazamétaines qui m’ont permis de me faire connaître.
Ensuite, j’ai été demandé à Toulouse, Castres et puis je suis « monté » à Paris où j’ai débuté au Cross International des Mureaux, puis aux 20 Km de Paris. Ensuite, ça a été Nice et des animations dans la France entière. C’était le début d’une belle histoire. Bien sûr, sans énergie et surtout sans passion, on ne peut réussir dans ce job.
– Plus de 40 ans de carrière… En effet, il en faut de l’énergie et de la passion pour tenir aussi longtemps ! C’est ce qui t’as fait tenir toutes ces années ?
Le plus dur a été d’animer quelquefois 3 jours d’affilée les « villages » des courses : Nice, Paris, et d’enchaîner le 4e jour sur l’animation de la course en direct… Mais que de belles rencontres ai-je faites ! Dur également même si c’était passionnant, la période des Templiers à Nant ou Millau, où je commençais le matin à 4 ou 5 h et où je terminais la nuit suivante à 1 ou 2 heures. J’ai d’ailleurs retrouvé ce rythme en Andorre il y a 4 ou 5 ans.
– 40 ans, c’est aussi une grande période où tu as vu la société évoluer, et la course à pied avec. A quoi ressemblait le peloton à tes débuts ? Qu’en penses-tu aujourd’hui, de celui de 2018 ?
C’est sûr que tout a changé en 40 ans. A mes débuts, j’ai vécu la grande époque du cross… un véritable régal à animer les cross des Mureaux, de Bolbec ou encore les Championnats de France (Aix-les-Bains, Laval, Salon et surtout Castres à deux pas de chez moi qui est resté dans la légende par les conditions apocalyptiques que nous avons connues ce jour-là…) et bien sûr les Championnats du Monde d’Aix-les-Bains que j’ai animés avec Marc MAURY et Jean-Pierre BUIX.
Et puis est arrivée la course sur route avec des athlètes disponibles qui étaient toujours prêts à répondre avec beaucoup de lucidité et de classe à nos questions. Je pense à Alex GONZALEZ, Joseph MAHMOUD ou Annette SERGENT… J’adorais les interviewer à l’arrivée. C’était un véritable régal de les accueillir sur le podium. Il me semble que c’est moins facile pour la nouvelle génération aujourd’hui.
De nos jours, le trail, que j’apprécie beaucoup, a pris une grande place. J’ai quand même, entre autres, animé 17 Templiers, le Gruissan Phoebus Trail, l’Andorre Ultra Trail, les Citadelles et je dois dire que j’ai, dans ce monde, vécu des moments privilégiés auprès de champions tels que Thierry BREUIL, Sylvain COURT, Gilles GUICHARD, Thomas LORBLANCHET, Gil BESSEYRE, ou encore Karine HERRY et Nathalie MAUCLAIR
– Toutes ces années, ça fait beaucoup de courses animées. Et des belles comme tu en as déjà parlé ! D’autres événements à évoquer…?
J’ai cité précédemment quelques courses prestigieuses que j’ai animées… Je voudrais tout de même ajouter La Parisienne (17 fois), course magnifique organisée de main de maître par Patrick et Jennifer AKNIN, les 20 Km de Paris (une trentaine de fois) et bien sûr les courses de Nice (Prom’Classic – Semi-Marathon – Marathon ou encore l’Ironman).
Je ne saurais oublier le Marathon du Médoc et son ambiance festive ou encore l’Embrunman, le célébrissime Triathlon d’Embrun, où j’ai accueilli à cinq reprises Yves CORDIER en vainqueur.
« …sur le podium de la Corrida d’Issy-les-Moulineaux, j’ai accueilli Haïlé GEBRSELASSIE ou encore Icham EL GUERROUJ sur le podium de la Prom’Classic à Nice »
– Dans tes bons ou moins bons souvenirs, as tu une ou deux anecdotes à nous raconter brièvement ?
Bons souvenirs… Il y en a tellement que j’ai du mal à extraire quelques anecdotes… Peut-être l’année où sur le podium de la Corrida d’Issy-les-Moulineaux, j’ai accueilli Haïlé GEBRSELASSIE ou encore Icham EL GUERROUJ sur le podium de la Prom’Classic à Nice. Bon souvenir également, lorsque Patrick ABADA, l’excellent perchiste, organisateur du Semi de Nice, m’a appris que j’étais choisi pour animer chez lui où j’allais ensuite rester plus de 20 ans.
Mon moins bon souvenir, c’est au Semi International d’Hardelot que je l’ai vécu l’organisateur m’annonçant la veille de la course à 21 H, qu’il n’avait pas de chronométreur !!
– Pour toi, qu’est ce qui font les qualités d’un bon speaker ?
Un bon speaker, pour moi, c’est un passionné avant tout, qui a une belle voix, pas un hurleur comme on en entend trop de nos jours, qui a bien bossé son sujet, qui n’arrive donc pas les mains dans les poches et qui sait expliquer au public, de façon très claire, le déroulement de la course, sans oublier d’organiser une belle remise des prix.
– Ce sont les conseils que tu donnerais à un speaker qui est à ses débuts ? D’autres éléments peut-être…?
Comme je viens de le dire, un speaker ne doit pas être qu’un animateur mais aussi un « bosseur » qui a bien préparé son sujet en amont et qui, lorsqu’il sera sur le podium ou sur la ligne de départ et d’arrivée, parlera clairement aux spectateurs afin que ceux-ci comprennent parfaitement ce qu’il se passe sur la course… sans omettre de remercier les partenaires, de présenter les personnalités avant, pendant et après la course…
« j’ai adoré ces 40 années que j’ai passées au contact de milliers de sportifs connus ou anonymes, de spectateurs, d’organisateurs qui m’ont fait confiance pendant toutes ces années. »
– Un dernier mot que tu voudrais dire aux lecteurs ou aux personnes que tu as croisé durant ta carrière ?

Un dernier mot : dire que j’ai adoré ces 40 années que j’ai passées au contact de milliers de sportifs connus ou anonymes, de spectateurs, d’organisateurs qui m’ont fait confiance pendant toutes ces années.
Je ne saurais terminer sans souhaiter bonne chance aux jeunes speakers qui arrivent : je pense tout particulièrement à ceux qui faisaient partie de mon équipe animation M & P : Philippe AUBERT, Vincent DOUGADOS, Philippe DUPERRAIN, David MOUGEL et enfin Harry BIGNON et Miguel GAMITO, les parisiens… mais mon grand regret : que mon fils Stephan n’ait pas pu continuer, trop pris par ses occupations professionnelles et familiales. Et puis, bien sûr, je ne t’oublie pas Mathieu, athlète de talent qui connaît l’athlétisme parfaitement, qui est passionné… et qui s’exprime correctement. Tu as toutes les qualités requises pour faire un excellent speaker !
Merci, Michel, ça me touche, car je t’ai croisé de nombreuses fois et extrêmement apprécié ! J’ai aussi couru aux côtés (ou à la voix) des derniers speakers que tu cites. Toi, comme Patrick Fonvieille ou Robert Vicente, m’aidez beaucoup. Merci pour ce témoignage passionné !
Anecdote : un jour, au départ de la VO2 Trail des Templiers (2012), je suis sur la ligne de départ avec un coupe-vent qu’un ami devait venir récupérer. On était à 2 min du coup de feu ! Michel est venu me voir, et m’a demandé ce qu’il se passait. Je lui explique qu’un copain devait venir me prendre le coupe-vent, mais il n’est pas là et je vais devoir le laisser sur la barrière. Il a pris le micro et a dit : « Le copain de Mathieu est attendu sur la ligne de départ !« . On était 900 au départ… et la foule qui s’amassait a bien sûr tout entendu. Ah ah ! Il n’empêche, mon copain est venu me récupérer ce fameux coupe-vent (merci Michel !), et je prenais le départ avec une puce attachée avec du fil à saucisson trouvé sur un stand…
Mathieu, Run in Pyrénées

Toi aussi mathieu tu sera un bon , je te le souhaite pour l année qui arrive papa bertos
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