Martin Fourcade « Mon rêve d’or et de neige » : dans la tête et dans les pas du champion

Bien que l’on ne traite pas ici de course à pied, nous sommes pour la plupart intéressés par ce sportif de haut niveau qu’est Martin Fourcade, ses capacités physiques et ses exploits en biathlon, ce sport d’endurance et de précision. Ami de Kilian Jornet, pyrénéen catalan comme lui, il avait choisi de se livrer tout au long de son parcours, jusqu’à ses plus belles victoires, alors même que sa carrière n’était pas terminée.

Paru dans les mois précédant les derniers Jeux Olympiques d’hiver à Pyeongchang, mais pour la majeure partie écrit tout au long de sa carrière, il regroupe dans ce livre beaucoup de ses souvenirs, nous fait rentrer dans les coulisses de ses compétitions et dans ce qui a construit son caractère de champion. Voilà donc mon ressenti à cette lecture.

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Tout d’abord, il faut dire que c’est un livre facile à lire, même pour celui qui ne suit pas le biathlon. Et pourtant, Martin Fourcade termine, juste avant ses remerciements, par refaire un tour sur les différentes épreuves, ce mélange de ski de fond et de tir : « En relisant ces lignes, je me rend compte que j’ai évoqué toutes les spécialités du biathlon sans tenir compte du fait que certains lecteurs ne sont probablement pas experts au point d’en maîtriser toutes les subtilités ».

Les pages défilent facilement sans que l’on ait besoin d’y revenir. Le suivi est donc chronologique, avec quelques points faits sur des choses ou des relations qu’il veut approfondir. La lecture rend vraiment compte de ce qu’il a vécu, en action et dans sa tête, comme s’il écrivait au fur et à mesure de notre lecture, nous donnant envie de connaître la suite… Un livre qui se lit vite !

 

« Simon, c’était pourtant l’idole de Martin. Il était fier de son grand frère, mais il avait du talent en plus, et une folle soif de victoires ».

 

Tout est clair et sain dans ce qu’il a voulu nous donner.

Dès la préface de Tony Estanguet, autre pyrénéen champion du sport français, avec qui il entretient une vraie relation d’amitié et au delà, pour Paris 2024.

« Comment évoquer ma famille, mes deux frères, Brice et Simon quand je tente d’analyser les ressorts de mon parcours sportifs ». Il évoquera sa relation, de façon totalement honnête et critique sur lui-même, avec sa famille aussi bien que toutes les personnes qu’il a croisé sur son chemin et qui ont fait partie de son vécu. Bien sûr, notamment avec son grand frère Simon, autre biathlète international, qui a tracé la voie dans laquelle s’est engouffrée Martin… et qui l’a vu le dépasser ensuite. Simon, c’était pourtant l’idole de Martin. Il était fier de son grand frère, mais il avait du talent en plus, et une folle soif de victoires.

Une carrière qui a tenu à peu de choses au début : un pari, un déménagement, et presque un renoncement… Quelques recadrages aussi, quand pendant son ascension en junior les entraîneurs l’ont sermoné avec Jean-Guillaume Béatrix : « j’ai détesté ce que j’ai vu de moi à travers leurs reproches et je suis sorti de là en larmes, mais en ayant appris la leçon pour tout le reste de ma carrière ».

Quelques « coups de folie » de sa part ont été des tournants dans sa carrière vers le haut niveau. Comme d’avoir skié blessé pour tenté sa qualification pour les JO de Vancouver 2010, ou comme d’avoir haussé le ton pour intégrer la sélection qu’il avait mérité sur les skis.

 

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Photo Toby Melville / Reuters ©

Un caractère fort, qui lui servira sur les skis, où la bataille est rude en course. Un professionnalisme convaincu, qui lui sert à cadrer les conditions d’une performance pour qu’il n’ait rien à laisser au hasard. Il nous parle de ses erreurs (tactiques, psychologiques) qui sont toujours analysées pour tirer le meilleur de chaque chose.

Depuis 2011, il est devenu le meilleur biathlète du monde, tous les ans, remportant le circuit mondial, malgré un statut à assumer, des légendes comme Bjoerndaelen à dépasser, ou une mononucléose à surpasser. On apprendra à connaître les coulisses des courses, aidés par les techniciens, coaches ou kinés qui l’entourent.

 

Pourquoi un livre ?

« Je suis peut-être un peu jeune pour raconter ma vie, la coucher sur papier et avoir la prétention d’en faire un livre. Mais on grandit vite quand on se frotte au sport de haut niveau […] La compétition use, forme et déforme. Elle permet aussi d’expérimenter beaucoup de choses et beaucoup d’émotions […] Depuis cette première lettre à mes entraîneurs, je n’ai cessé de rédiger mes impressions, mes émotions, mes envies […] Au départ, il s’agissait plutôt de ne pas laisser tomber dans l’oubli des moments de vie que j’estimais fondamentaux de ce que je suis en tant qu’athlète et surtout en tant qu’homme ».

Il y répond lui-même.

 

« Je n’ai jamais voulu marquer l’histoire du sport, mais je suis joueur et quand je me retrouve face à la possibilité de réaliser quelque chose d’inédit, j’ai vraiment envie de le faire »

 

Dans tous les cas, ceux qui en font partie ne sont pas trahis par un quelconque propos. Il respecte les siens comme ses adversaires.

Le lecteur lui aussi est au centre de son propos. Il lui dévoile ses ambitions, qui ne sont pas de marquer l’histoire, comme il le répète, mais plutôt de satisfaire cette soif et tout cet investissement. « Je n’ai jamais voulu marquer l’histoire du sport, mais je suis joueur et quand je me retrouve face à la possibilité de réaliser quelque chose d’inédit, j’ai vraiment envie de le faire. Pas pour la postérité – un autre battra mes records et c’est tant mieux – […] cela produit chez moi un mélange d’envie et de tension. De l’excitation… »

Il parle de son avis sur le dopage. Il parte aussi de l’argent qu’il gagne, combien il en gagne et ce qu’il fait ou fera avec. Il parle de sa façon de gérer sa carrière, ses sponsors, comment et par qui il se fait accompagner. Il parle intimement de cette flamme qui, pour l’instant, continue de brûler. Et nous brûlons avec lui d’impatience pour voir quel défi il sera prêt, physiquement et psychologiquement, à relever.

On n’est pas tous les jours dans la tête d’un champion.

 

Mathieu, Run in Pyrénées.

P1060998 - Copie

 

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