Le test Merrel Trail Glove 3 a été demandé pour Run in Pyrénées et je remercie Merrel France pour avoir permis ce test. Si vous êtes intéressés, vous pouvez retrouver ce produit ICI .
Tout d’abord, j’avais envie de voir comment je réagirais avec une vraie chaussure minimaliste, après avoir testé des modèles à drop 3 et 4 mm. Ensuite, je voulais vraiment constater comment pouvait se comporter ce type de produit en condition, que ce soit sur des terrains roulants ou pentus, à faible comme à grande vitesse.
Lisez bien le test avant de vous jeter sur ce produit, car il permet de bien comprendre ce qu’il se passe en terme de foulée et de répercussion sur le corps.
Première approche
Les Merrell Trail Glove 3 sont le modèle de trail de la gamme minimaliste. Le drop est de 0, l’épaisseur totale est de 10,5 mm, il y a des crampons de 3 mm (semelle Vibram). Le poids est donné à 200 gr environ, j’en ai 215 gr en taille 44 (taille normalement en longueur).
Première remarque, c’est bien sûr cette hauteur de semelle près du sol. Ici, il n’est pas question d’amorti, même si une partie de la semelle comporte un peu d’EVA et le reste en semelle Vibram. Mais sur 1,05 cm, peu de place à tout ça. On remarque aussi cette forme évasée à l’avant : la « toebox » est large.
Pour le chaussant, je ne suis pas surpris, ayant des Bare Access au quotidien : la malléole est dégagée, le tissu vient épouser le pied, le talon à l’arrière, et laisse une place parfaite pour les orteils (ps : j’ai pourtant un pied fin).
Quand vous retournez le produit, vous remarquez une surface très étroite au médio-pied : c’est exactement la surface du pied qui est en contact avec le sol. L’arche interne ne flotte pas totalement puisque le bord interne en matière EVA vient s’y coller (sans la soutenir, mais je comprendrai ensuite que c’est pour protéger des cailloux entre autre).
1er essai concret, 1ères constatations
Les foulées sont surprenantes de légèreté. Surprenantes…? Oui et non. Si vous avez déjà mis des pointes d’athlétisme en cross, ça donne la même impression. Le chaussant fait corps avec le pied, on en oublie le poids. En cross vous êtes sur terrains souples, ici les chemins de campagnes sont durs.
La légèreté est surtout emmenée par l’effet ressort des tendons et des mollets. Un talon moins haut impose une tension plus importante du tendon et du mollet, et le retour d’énergie est actionné. Cela dit, on comprend très vite qu’il faut s’économiser : pour recevoir moins de chocs, on rase plus et multiplie les appuis. La cadence est surprenante mais nécessaire. Il est important de parler de technique et des effets sur le corps, car un produit pareil induit obligatoirement ce « savoir-être » en action. De ce côté, le corps est intelligent et l’adaptation se fait presque d’elle-même… mais les muscles et tendons sont sensibles, et j’ai ressenti les muscles tendus le lendemain.
Les premiers essais en chemins secs sont positifs. L’adhérence de la semelle Vibram est intéressante et permet de coller au mieux aux sensations proprioceptives du pied. Cependant, et au vu de la taille des crampons, on constate vite que l’accroche n’est pas son atout sur sol boueux : les crampons sont trop bas et trop peu espacés pour « mordre » le sol. Quelque griffes à l’avant pourront permettre de monter quelques talus sur sol meuble. Pour le reste, je comprend vite qu’elles ne sont pas faites pour ça.
Le modèle étant un peu large à l’avant pour mon pied fin, les resserrer ont fait ressortir une couture à la base de la languette à l’intérieur. Sensation de frottement, sans aucune marque constatée. A voir avec un pied qui remplit mieux l’espace.
Essais poussés
Bien sûr, il fallait pousser plus loin pour voir quel était le comportement général de la chaussure et constater comment se tient globalement la structure minimaliste.
La semelle Vibram et ses « timides » crampons remplissent leur fonction d’adhérence sur sentir sec, pierres et cailloux. Les 10,5 mm sont minces mais la barrière est efficace contre les formes obtuses du sol et des rochers. La confiance dans les appuis est importante. Le pare-pierre est suffisant contre les chocs en courant, sauf gros choc accidentel. Le mesh me donne confiance, il respire et semble très solide. Pas d’accrocs constatés. Il est renforcé par des éléments thermo-collés sur le coup de pied qui descendent sur les côtés. Même si la structure autour du talon est souple, elle ne décolle pas du pied. Le ressenti « Glove » (gant) est là, on comprend le nom… Que la chaussure minimaliste fasse corps avec le pied, c’est important. Les mouvements sont tout à fait naturel et libérés des contraintes. La chaussure fait simplement office de protection. La languette ne me gênera pas, même dans les terrains techniques. Je reprocherai au laçage d’être mal réparti, les lacets étant quasi ronds, le serrage baisse d’un cran en chemin. Comme la chaussure fait corps, on ne la perd pas. Aucun soucis de frottements constatés.
> Effets sur le corps et la foulée : je suis léger j’ai une expérience sur les faibles drop, ok. Pour autant, j’ai constaté des grosses tensions, notamment sur de longues ascensions. La pente nous force à courir sur l’avant, mais avec ce produit, il est quasi impossible de se reposer sur le talon, le jeu sur le tendon d’Achille est plus important, je m’en suis tiré avec quelques jours sans les enfiler.
En descente, j’ai eu mes meilleures sensations : les informations qui me remontaient du sol grâce à sa semelle peu épaisse me permettaient une lecture très rapide du terrain, et un appui très précis. La cadence des pas étant nécessaire, et la confiance rassurée par la couche protectrice en Vibram, j’ai fait des descentes très rapides et sans aucun heurts.
Par contre, cette mobilité extrême a fait beaucoup plus travailler ma cheville, lui laissant plus de jeu : j’ai ressenti mes ligaments douloureux, un peu comme quand il s’agit d’une entorse. On comprend donc très vite l’assistance qu’apporte une chaussure classique (maintien dans l’axe, amorti) et la liberté d’un modèle minimaliste qui aura des répercussions sur le corps.
Maintenant que je savais ce qu’elle pouvait faire sur terrains accidentés, j’ai voulu tester la réactivité sur des allures élevées. J’ai pu constater qu’il n’y avait pas de soucis pour les emmener sur des vitesses de 15, 16, 17 km/h (terrain roulant)… mais elles ne sont pas faites pour ça.
Je m’explique : le produit était léger, près du sol et ferme, il n’y a pas de soucis pour la pousser en vitesse, mais le propre d’une chaussure minimaliste est l’économie. Elle ne comporte pas de matériaux de soutien à l’écrasement (plus important à haute vitesse) ni de structure et de gomme qui retourne l’énergie. C’est donc le corps qui doit emmener la chaussure, assurer l’amorti tout en réduisant les mouvements qui heurtent notre structure osseuse. Pour rappel, « Glove » : elle n’est qu’une protection avec les éléments extérieurs. Je ne me vois donc pas l’utiliser en compétition, ne pouvant pas assurer les dommages causés par mon corps, et ne pouvant la manier correctement que sur des allures modérées. Ce sera le cas de toute personne à mon avis, SAUF coureur passé totalement au minimaliste (voir avec une expérience barefoot – pieds nus -).
Conclusion – public et utilisation cible –
Je suis ravi d’avoir testé ce modèle minimaliste. Il m’a fait comprendre beaucoup de choses. D’une part, le travail de la foulée : appui léger et bref en medio-pied, foulée cadencée plus économe. Un appui fort au sol permet une grande économie gestuelle du reste du corps. D’autre part, ces changements ne s’opèrent pas en un clin d’oeil. Le corps doit nécessairement s’adapter (exercice puis repos) avant de se renforcer. Je n’ai pas fini de l’utiliser.
Je ne constate pas d’usure. Seulement quelques griffures sur la partie interne à la voûte plantaire, constitué en matière EVA, qui sert en fait de protection contre les cailloux pour éviter de se blesser.
Les atouts d’une chaussure minimaliste en trail sont là : effet gant autour du pied, protection qui ne perturbe pas la proprioception et qui résiste aux terrains difficiles, mobilité et maniabilité parfaite. Les limites seront les utilisations longues distances (sauf coureur converti et expérimenté), les terrains gras.
Elles conviendront aux coureurs recherchant à adopter une foulée « naturelle », ou bien s’en approchant en souhaitant renforcer ses appuis en complément de ses entraînements. Elles raviront ceux qui privilégient les sensations de pied et la liberté de mouvement, voulant s’amuser sur des terrains naturels ou en montagne sur les sentiers secs. Il est bien entendu obligatoire d’être habitué à des drops faibles et d’avoir mis des produits peu épais comme des chaussures de compétitions ou des pointes d’athlétisme.
La liberté oui, mais sur un corps sain et solide. Le passage à une foulée plus naturelle est difficilement réversible, et les modèles classiques ou un minimum amortis pourront sembler par la suite encombrants.
J’attend avec plaisir vos différentes questions et réactions !
Merci MERREL FRANCE
Merci pour cet article très intéressant.
Effectivement j’ai moi-même une paire de Merrell Access 4 et pour passer au minimaliste il m’a fallu compter plus de 3 mois en pratiquant la course d’abord sur un kilomètre en minimaliste puis chaussé mes chaussures traditionnelles pour finir ma course de 8kms.
J’ai ajouté 500 m pour chaque nouvelle course ainsi mes mollets et tendons se sont renforcés progressivement.
Voir le site:
https://lacliniqueducoureur.com
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Merci pour votre réaction et pour cet avis sur la progressivité : c’est du concret
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