Jeûne et course à pied : intérêts et précautions

L’alimentation est un point sensible, car il y a des croyances, des fausses certitudes, et personne ne réagit de la même façon. C’est aussi un moyen à actionner en vue de performer et les coureurs y font de plus en plus attention.

Le jeûne, on le pratique par précaution pour un système digestif fragile, mais aussi par intérêt sportif. Nous avons donc voulu aborder le sujet avec notre diététicienne nutritionniste Salomé Caillau, qui répond sans détour et qui livre les éventuels intérêts du jeûne et les précautions nécessaires.

 

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– Bonjour Salomé ! L’autre fois, on a évoqué le jeûne au moment du petit déjeuner. Certains le pratiquent volontairement, d’autres par contrainte (digestion, reflux etc). Quel est l’intérêt de sauter un petit déjeuner ?

Nos réserves glucidiques diminuent à partir de 8h sans consommation d’aliments. Notre corps va alors commencer à utiliser les graisses pour créer son énergie si on pratique un exercice physique à jeun.
Dans un programme d’entraînement, pratiquer un sport à jeun semble intéressant dans un but d’affûtage (ou de perte de poids).

Cependant plusieurs indications doivent être retenues :

  • Aucun apport calorique liquide ou solide est toléré : on s’en tiendra à un apport liquide type eau, thé, café sans sucres.
  • Il s’agira d’entrainement courts, maximum 1h à une allure modérée (endurance fondamentale) avec un maximum 1 à 3 entraînements par semaine sans jours consécutifs.
  • L’hydratation devra être présente au cours de la séance de manière régulière, et au moindre signe d’hypoglycémie ou de faiblesse il sera impératif de consommer des denrées source de glucides simples (fruits secs, pâte de fruits, etc).

Au retour, consommez un petit déjeuner équilibré !

 

– Plus globalement : conseilles-tu le jeûne ? Dans quel but il peut être indiqué de le faire ?

De nos jours, le jeûne est pratiqué dans plusieurs buts : purifier l’organisme, améliorer son bien être psychique, perdre du poids, etc. Aucune étude prouve tous ces faits. Plusieurs pratiques de jeûne existent.

A court terme et occasionnellement, le jeûne n’a pas d’effet dramatique sur les carences alimentaires, à condition que l’alimentation soit bien menée et équilibrée avant et après. Attention !! Le jeûne ne doit pas se faire sur plus de 3 jours car le corps va rentrer en cétose et le manque d’apport énergétique engendrerait une diminution de la masse musculaire (donc une baisse de la dépense énergétique quotidienne, donc un risque de prise de poids au cours de la réintroduction alimentaire…). Idem concernant le jeune intermittent (14h-16h), s’il est trop restrictif et mal mené un risque de perte de masse musculaire existe ! De plus, l’activité physique intense ou longue au cours d’un jeûne va accentuer ce phénomène de protéolyse musculaire et l’organisme prendra plusieurs jours pour compenser.

 

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De mon point de vue, en dehors du cas précédent (sport à jeun le matin), il n’y a pas assez d’études sûres pour définir ce qu’est un bon jeûne ou quels sont les risques du jeûne.
Certaines études montre des résultats en terme d’amélioration de la santé sur des pathologies chroniques avec un jeune intermittent (14-16h) mais ce sont des études sur des groupes restreints.
Il est peut être un peu tôt pour donner un avis formel et conseiller ce type de pratique aux gens…

Pour les personnes qui sautent le petit-déjeuner, elles pratiquent ce type de jeûne quotidiennement. Si cela n’entraîne pas de contre performance, de fatigue importante ou tout autre conséquence qui pourrait être liée, ça ne semble pas dangereux dans la pratique sportive.
Finalement il y a des tas de gens qui ne déjeunent pas forcément le matin. Si cela ne pose pas de problèmes dans l’équilibre alimentaire journalier, pas de problèmes de surpoids, de contre performance, de blessures à répétition, etc. Pourquoi pas… Mais il faudra s’assurer qu’il n’y ait aucune de ces conséquences et que prendre le petit déjeuner n’améliore pas la qualité de vie de ces personnes.

 

« Commençons d’abord par écouter notre corps et manger de manière intuitive ! »

 

– Sauter un repas, une journée… Il faut sans doute beaucoup de précautions. Que peux-tu nous dire à ce sujet et dans quel cas il faut l’éviter ?

En dehors de l’entraînement à jeun comme mentionné ci-dessus, y’a t-il un intérêt à sauter un repas ? NON.
Sauter un repas pour perdre du poids n’est certainement pas la bonne méthode à appliquer. Le corps se rattrapera de toute façon à un moment ou à un autre s’il avait besoin de l’énergie de ce repas sauté.
Cette méthode ne nous apprend pas à adopter des habitudes alimentaires saines et n’est pas une méthode utilisable toute notre vie.

Par contre, au-delà de l’équilibre alimentaire qui reste indispensable pour le bien être de toute personne, la notion de sensation alimentaire est à prendre en compte. En effet, il est indispensable d’écouter les besoins de son corps et d’agir en fonction de ce qu’il demande : « je mange quand j’ai faim », « j’arrête de manger lorsque je suis rassasié », « je respecte mon état de satiété ». Dans ce cas, sauter un repas car il n’y a aucune sensation de faim n’est pas une grave erreur, à condition de manger dès que le corps le réclamera de façon équilibrée et raisonnée.

Avant de chercher des recettes miracles aussi bien en terme de bien-être et de perte de poids qu’en terme de performance, commençons d’abord par écouter notre corps et manger de manière intuitive !

 

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6 commentaires sur « Jeûne et course à pied : intérêts et précautions »

    1. Bonjour, merci pour votre passage et commentaire !
      Tant pis pour l’article s’il ne vous plaît pas, mais la nutritionniste prend clairement position : jeûne avec précaution ou intermittent, sinon, de son avis, il n’existe pas d’étude assez approfondie. Faut il absolument être pour ou contre ?
      En plus, comme vous le dites, vous le pratiquez et il vous fait du bien, donc c’est parfait d’expérimenter. Seulement, certaines personnes persistent dans certaines pratiques sans se poser la question du résultat concret, de son profil physiologique et nutritionnel. « Prendre le boulot du nutritionniste », personne n’y pense, et personne n’est obligé de la solliciter. Ses connaissances et son expérience son sans aucun doute utile à certaines personnes

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  1. Bonjour,
    il aurait été intéressant que votre invité donne des conseils.
    Pratiquant le jeûne intermittent depuis 3 semaines, je ne me suis jamais senti aussi bien pendant mes séances d’entrainement. Je pense que cela me convient bien car j’ai repris en même temps que j’ai commencé mon jeûne intermittent, mais je redoute le moment ou je vais passer à des séances plus longues.
    Conseille t’elle pour un entrainement de plus d’une heure de prendre absolument un petit déjeuner ou peut-on commencer à jeun et commencer à s’alimenter au de 30 minutes avec une barre énergétique ?
    Sportivement,
    Thomas

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    1. Bonjour Thomas
      C’est un article de 2018. J’aurais bien aimé aussi qu’elle donne son avis

      Ce que je peux dire, c’est que quelques fois le matin j’arrive à courir 1h30 ou plus avec 2 tranches de pain d’épices et du jus de fruit. Cela dépend aussi à quelle heure on mangé la veille, et quoi.

      Sur un entraînement classique, il n’y a que peu d’intérêt de courir à jeûn au delà de 45 min de footing léger. Les stocks de sucre sont bas, on va vite taper dans les réserves. Le risque c’est qu’on va taper dans les protéines et non pas les sucres lents, du moins les stocks sont potentiellement bas. Pour faire de l’intensité, autant avoir les réserves pour… La solution d’emmener un en cas peut sauver « notre peau », mais attention au pic de glycémie ! Je pense qu’un indice glycémique faible sera nécessaire.

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  2. Bonjour,
    Au printemps 2023, j’ai démarré un jeun intermittent lors du carême. Je ne mangeais qu’un repas par jour, dans une fenêtre d’une heure et je jeunais complètement les vendredis. Ce qui signifie que je mangeais, par exemple jusqu’à 13 heures le jeudi et je prenais mon prochain repas le samedi à midi.
    A l’époque j’allais à la salle de gym trois fais par semaine pour des séances d’une heure et demie environ (30 minutes d’échauffement et une heure d’entrainement aux altères et machines).
    J’ai décidé de maintenir les entraînements mais de réduire toute les séries de 6 x 10 à 3 x 8. En cas de fatigue, notamment la première semaine, j’ai fait 3 x le nombre de répétitions jusqu’à fatigue mais au maximum 8.
    Les deux dernières semaines, j’ai introduit la course à pieds en alternance à la salle, 15-20 minutes à allure lente (7-8 minutes par Km).
    J’ai ressenti une diminution notable de l’état « d’inflammation » musculaire et je n’ai jamais eu d’épisodes d’anémie. Dans mon alimentation, j’ai augmenté la proportion de graisses et diminué celle d’hydrates de carbone (sans réduire le grammage lors du repas journalier).
    L’expérience m’a permis de mieux être à l’écoute de mon corps (vigilance) et de mettre en place les bases pour une saison de course à pieds en progression, avec des résultats spectaculaires en termes d’endurance.
    A la fin du carême (45 jours), j’ai maintenu un régime intermittent (8h/16h). J’ai perdu 30 kg en une année et j’ai fait un semi-marathon ce dimanche dernier.
    Là, je viens de commencer mon carême sur le même modèle, mais je remplace la salle par de la natation.

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