Ce n’est pas la première fois que la marque britannique Inov-8 est testée sur Run in Pyrénées (voir ICI).
Le test proposé aujourd’hui est une nouveauté 2023, qui fait suite aux TerraUltra G 270. Ça tombe bien, j’ai eu deux paires de ce modèle. La TrailFly G 270 V2 en prend donc la suite. Je vais pouvoir vous informer sur ce qui change, et vous décrire au mieux les qualités / limites de cette paire de trail zéro drop.
Pour rappel : coureur tous terrains, 62 kg, pratiquant également en compétition.
TRAILFLY G 270 V2 sur le site INOV-8

Découverte du produit, premiers essais
La TrailFly G 270 V2 est un drop zéro, sur 22 mm de hauteur (dont 4 mm de crampons), annoncée à 270 gr. Je suis habitué des produits plutôt légers, et franchement, on ne sent pas ces 270 gr, mais j’y reviendrai.
Les différences visuelles avec le précédent modèle, la TerraUltra G 270, se situent au niveau du mesh. Le dessin est différent, mais attention, ça change pas mal de choses pour le pied. Pour la toe-box, on trouve moins de lignes de renfort, les orteils ont donc un peu plus de places. La finition sur le coup de pied, au niveau des oeillets, est moins angulaire. Le pare-pierre est un poil rallongé sur les côtés, et suivi de thermo-collés qui viennent plus hauts sur le flanc du pied. C’est léger, mais c’est à noter. Une autre différence : la forme du col autour de la cheville. La coque au talon vient un peu plus se refermer autour du pied, et c’est aussi marqué autour de la malléole.
Du côté de la semelle extérieure, rien ne bouge. On utilise toujours le Graphène pour apporter de l’adhérence, sur des crampons de 4 mm qui devraient passer partout. Les lignes de flexion sont situées aux mêmes endroits, et le PowerFlow Max constitue toujours la matière de la semelle intermédiaire.
Concrètement, ça donne quoi sur les premières foulées ?

Tout d’abord, un espace pour le pied avec beaucoup de profondeur et d’espace. C’est assez impressionnant. Je m’habitue aux chaussants larges, car le pied a besoin d’espace pour s’étaler, mais la profondeur m’oblige, comme le précédent modèle, à serrer, ce qui rapproche les deux lignes d’oeillet. J’ai tout de même un pied plutôt fin, aussi.
Cette impression un peu « négative » est rattrapée par l’impression d’un pied mieux tenu. Notamment autour de la cheville, avec cette nouvelle forme. Je constate aussi que la languette a été revue, un peu plus agréable car plus épaisse sur le noeud des lacets. Ce petit gain en confort est agréable.
Au niveau dynamique, c’est toujours agréable. Je m’explique : l’amorti est présent, mais assez neutre, on ne s’enfonce pas à l’écrasement, ou très peu. Sur les premiers essais, elle peut paraître un peu « sèche », mais je sais qu’après quelques sorties ça s’atténue. Du coup, avec une épaisseur raisonnable mais assez proche du sol globalement (22 mm de hauteur), ce zéro drop, et cet amorti neutre, la dynamique est toute naturelle. Je ne me rend pas compte que j’ai 270 gr aux pieds. On dirait 240/250 gr, sans les défauts de ces modèles là, qui ont le poids concentré sur la semelle (souvent un peu trop molle, qui plus est). Là, le poids est bien réparti, les sensations sont là, on peut trottiner sur le plat sans contraintes.
Sur les sentiers, la tenue s’améliore, et là aussi, c’est bien agréable par rapport à la précédente version. Dès que le terrain devient très technique (dévers, gros cailloux…) notre pied bouge, mais la chaussure suit le pied. Ils sont bien solidaires. Petit hic vite résolu : le laçage glissait un peu sur les descentes, avec un léger desserrage. Pour ma part, j’ai été passé le dernier oeillet et fait un laçage un peu plus « vissé », ce qui a résolu le soucis.
Les foulées sont fluides, l’adhérence est là sur la plupart des terrains. On va pousser l’essai plus loin !
Test poussé
Pour ceux qui sont freinés par le zéro drop : dîtes vous que c’est beaucoup plus facile à courir avec du zéro drop sur chemins. Les appuis changent tout le temps, ne sont jamais au même niveau, c’est moins traumatisant. Si vous écrasez un peu talon, l’amorti est tout même présent.

Le ressenti en terme d’information et de sensation de pied est donc très bon : je sens les défauts du sol, les cailloux, mais je suis bien informé. Surtout, avec les lignes de flexion, la hauteur raisonnable, et une semelle réactive, je déjoue les pièges. On peut bien cadencer à descente, presque aussi bien qu’avec un modèle de compétition plus bas et plus léger. Ce qui rend service dans le technique, en terme de réactivité, et de lecture du terrain.
Les crampons sont suffisamment profonds sur les terrains secs, où l’adhérence est très bonne. Sur les terrains gras, c’est moins fort, ça garde un peu de boue au niveau du talon. Mais ça dégage assez vite. En montagne, elle passe bien sur les rochers, elle adhère bien. Sauf sur le mouillé, mais ça, une roche trempée, je n’ai rien vu qui tient dessus.
La surface d’appui est plutôt bonne, du coup l’appui est stable. Les lignes de flexion permettent à la chaussure de s’adapter au terrain. Comme le pied est bien tenu, on suit, notre cheville peut corriger. On n’est pas dans les chaussures avec des grosses rigidités, qui sécurisent et qui font le boulot à la place du pied. Mais l’information pied/cerveau est bien transmise, ce qui permet de déjouer les défauts, de se rattraper. Un zéro drop avec une hauteur raisonnable et des flexions latérales/longitudinales, ce sont des risques en moins pour l’entorse de cheville. Tout dépend des habitudes, aussi ! Je préfère que le pied soit maître de ce qu’il fait.
Quand ça court, l’appui n’est pas lourd au sol, on peut envoyer. 3’45 au kilo et plus sans dégager trop d’énergie. Donc la dynamique étant fluide, proche du naturel, la relance se fait sans soucis, la cadence n’est pas entravée en descente.
Il y aura des limites en terme de protection. Autour du pied, les rochers peuvent se faire sentir.
Faisons le bilan
Cette version a progressé en terme de chaussant, avec de meilleures finitions au niveau du mesh, avec un col qui viendra mieux saisir le pied autour de la cheville. Ça sécurise mieux le pied, on se sent plus stable. Cela dit, si on a des habitudes avec des chaussants plus resserrés et rigides (marques spécialisées en montagne), on trouvera une différence.
Le zéro drop, les encoches de flexion, et la semelle PowerFlow Max (nom trompeur si on croît que l’amorti est maximum), rendent la chaussure fluide, laissant la place aux sensations et à une réactivité très appréciable.
L’accroche fonctionnera sur la majorité des terrains, non gras. En terme d’usure, elle peut voir passer du terrain. Avec le modèle précédent, les crampons avec été raccourcis avec l’usure, et la gomme abîmées. En fin d’utilisation, le défaut c’est que vous sentez plus quand c’est « pointu » sous l’avant-pied.
Il vous faudra trouver votre laçage idéal.
C’est un produit qui conviendra à un public plus large que son drop peut vous le faire penser, et à des distances courtes comme longues. Les coureurs rapides vont l’apprécier pour tous leurs types d’entraînement et compétition moyennes distances. Les autres pourront en faire leur modèle zéro drop avec un bon compromis sensation protection, pour les sorties trail de 20 km.

