Jeudi 14 février au Lycée Théophile Gautier à Tarbes, le triathlète Jean-Christophe Holzerny et la traileuse Jocelyne Pauly ont tenu une conférence avec pour thème « repousser ses limites ». Ces deux athlètes d’endurance, professeurs de philosophie (Holzerny) et d’éducation physique (Pauly), étaient parfaitement à-même de témoigner de leur expérience devant des élèves du lycée et des personnes présentes, qui n’ont pas manqué de leur poser des questions.
Cette conférence s’est tenue dans le cadre de Génération 2024 (JO de Paris) et du Lycée ouvert à la cité.
Jean-Christophe Holzerny (JCH) a eu un passé de haut niveau en natation avant de courir et se mettre au triathlon. Il s’est qualifié à l’Iron Man d’Hawaï (13 octobre 2018) et y a établi son record en 9h24 (40-45 ans).
Jocelyne Pauly (JP) était handballeuse avant de fonder une famille puis se mettre à courir il y a 12 ans. Passée par la route, elle s’est ensuite mise au trail où elle a réalisé ses plus belles performances en terminant 3è de l’UTMB puis de remporter le Grand Raid de la Réunion.
JCH a souligné d’ailleurs qu’on ne repoussait pas ses limites (mentales, physiques voir éthiques) mais qu’on les éprouvait. Il y a bien sûr une question de génétique, mais aussi d’éducation. Il a développé au fil des ans le goût pour l’effort, mais n’aimait pas se situer par rapport aux autres. Il voulait savoir jusqu’où il pouvait aller, en soulignant que les limites sont d’abord psychiques. La connaissance de soi se fait via l’activité physique, en se confrontant à des difficultés pour évoluer. Les épreuves longues lui apportent aussi plus de liberté.
JP a commencé par les 10 km. Ensuite, elle a voulu voir ce qu’elle pouvait faire sur semi-marathon, puis sur marathon. De même en trail, en commençant par les Gypaètes, puis en allant sur l’ultra (80 km > 160 km) et se demande même si elle n’ira pas sur plus long… Pas du tout attirée par la compétition / confrontation directe, elle fait ça pour elle-même.
Où est le plaisir dans tout ça, parmi toute cette souffrance ?
Pour maîtriser la souffrance, il faut bien sûr s’y préparer, physiquement et mentalement. La préparation apporte du plaisir, qui vient aussi de l’inconnu de ces longues distances. C’est un quotidien, bien entendu, où les proches jouent un rôle majeur. L’objectif est bien sûr d’aller au bout de ces épreuves, la satisfaction vient de là et de tout ce qui est vécu car ce n’est jamais la même chose. Addiction ? Oui sans aucun doute.
Qu’est ce qui a changé en soi avec cette pratique ?
Les athlètes énumèrent un caractère renforcé, une plus grande exigence avec soi-même pour être au meilleur de soi-même, de la rigueur qui montre que le travail paye… Nombre d’éléments qui construisent la personne.
Aucun des deux n’évoquent de privation alimentaire. JP dit qu’elle fait assez d’efforts pour se priver de ce côté là.
Quant à la question du dopage, JP pense déjà à tous ceux qui ont une conduite dopante (médicaments, anti-douleurs…). Pas contrôlée à l’UTMB après sa 3è place, elle était « bien contente » de se faire contrôlée à la Daigonale des Fous. JCH dit que le but est de savoir ce qu’on peut faire dans ce sport, en éprouvant ses limites, et donc tricher n’est pas le bon chemin…
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