Test Kiprun Race Ultra 2

Ces chaussures de trail sont indiquées comme des modèles pour les longues distances. Kiprun étant en train de remodeler ses gammes et ses modèles, sera-t-elle logiquement la suite des Evadict Race Ultra, une évolution des MT Cushion, ou un mix des deux ? Je n’ai pas eu ces modèles, mais j’ai pu les voir aux pieds de nombreux coureurs, notamment les MT Cushion qui ont eu un énorme succès. J’ai depuis longtemps les Evadict Race Light.

Voyons ce que donne ce modèle assez attendu, dévoilé lors de l’UTMB, mais dont les stocks sont pour l’instant vides sur Decathlon.fr…

KIPRUN RACE ULTRA 2

Découverte et description

A priori, des modèles pour l’ultra trail ne sont pas faites pour ma pratique. Je suis léger (62 kg), je fais du trail court et de la course en montagne. Je les ai essayées avec curiosité et je vais pouvoir vous donner un avis neutre, réaliste, comme toujours.

36 / 28 mm (drop 8) – 280 gr

Elles peuvent être impressionnantes au niveau visuel, mais les dimensions d’épaisseur sont bien dans la moyenne actuelle, si l’on excepte un talon un peu haut, et très proéminent à l’arrière. Cette « excroissance », je ne l’ai jamais comprise : plus un talon est loin en arrière, et épais, plus on va inciter la foulée à se réceptionner par…le talon. On sait qu’une pause talon incite plutôt à avoir un temps d’appui qui se prolonge, encore plus si la matière s’écrase. Il faut un peu de talon (et de talent) en ultra, et notamment sur des descentes, mais je trouve que c’est exagéré, et que l’on pourrait encore gagner 10 gr. On verra bien !

En tout cas, par rapport à l’aspect imposant, c’est un peu en trompe l’oeil car la base du chaussant est bien en dessous de la semelle qui semble monter à l’extérieur. C’est donc légèrement un effet « baquet ». Autour de la cheville et pour la languette, la finition est en « col » légèrement montant, pour essayer de venir fermer la chaussure sur le pied. La coque du talon offre de la souplesse, sauf une tige arrière bien dressée le long du tendon d’Achille. Pour rendre l’appui du pied confortable, deux mousses de contact côté cheville et malléole, pas très épaisses. Pas présentes sur la tige arrière.

Le serrage est en mode « quick lace », qui est une façon rapide de serrer, mais qui peut se relâcher un peu, je trouve. On verra bien pour celui-là. Les tiges en Matryx m’ont toujours convaincu par contre. Celle-ci est en Matryx Evo, plus respirante, légère et résistante.

Je trouve la semelle extérieure bien armée (crampons de 5 mm) : assez fournie mais offrant un peu d’espace entre chacun, inversés selon le sens.

Premiers essais

Pour le chaussant, le col façon « chaussettes » n’est pas compliqué à enfiler, et il ne baille pas. J’ai pourtant une cheville fine donc ça rempli sa fonction. Je suis agréablement surpris par l’assise que je trouve assez neutre : on ne cherche pas à soutenir le pied ou la voûte. Il y a de l’espace, et pour l’instant le serrage permet de bien unir la chaussure au pied. Je me rend compte qu’il y a une toute petite poche de rangement sur la languette pour ranger le mini « boîtier » du quick-lace. C’est vraiment très juste, mais ça rentre. Je me rend compte après coup qu’il y a aussi le rangement nécessaire pour le reste du lacet, le long du coup de pied : là, ce n’est pas la peine d’essayer, le cordon serré bloque le passage. Le reste est en dehors. Je le coince entre les cordons… Il y a quelque chose à revoir.

L’assise est bien en place, neutre, les orteils ont de l’espace, le talon est bien entouré. Je suis agréablement surpris par la consistance de la semelle. Elle est certes épaisse, on sent l’amorti, mais on n’écrase pas non plus la matière sous son poids. On sent la densité, ce qui donne un appui qui transmet bien l’information. Les premières foulées sont faciles et le déroulé de l’appui est plutôt fluide. Habitué au drop 4 mm, je sens néanmoins la « pente » et ce talon trop élevé pour moi. Avec la hauteur, ça peut le rendre légèrement instable si les parties planes sont pleines de trous. L’avant du pied étant plus bas, avec cette densité de semelle, c’est très agréable : j’ai de l’information, je peux pousser ou multiplier les appuis en descente ou sur des singles très variés. Je reste concentré, étant donné mes habitudes avec des chaussures fines. La hauteur peut tout de même baisser un peu la perception. A ce stade, rien à dire sur l’accroche.

Je me rends compte que cette chaussure d’ultra est dynamique, ce qui me fait oublier son poids.

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Test Inov-8 TrailFly Zero

INOV-8 (prononcer « eight ») a déjà été testé plusieurs fois sur Run in Pyrénées. Chaussures de trail pour la montagne, pour les terrains gras, pour la route…

Cette fois-ci, ce sera autour de la TRAILFLY ZERO, chaussure de trail polyvalente au drop zéro, successeur du best-seller TrailFly G 270 V2.

TRAILFLY ZERO

Comme vous pouvez le voir, pas de site en français pour la marque britannique mais vous pouvez tout de même commander avec des frais de port habituels. Mais la marque est présente sur de nombreux sites de vente.

Succession et découverte

C’est donc celle qui succède à la TrailFly G270 (1 et 2), des chaussures de trail qui ont super bien marché. C’est le drop zéro accessible qu’on ne sent pas du tout en trail, et qui privilégie les sensations du terrain tout en ayant de l’accroche et un rendement très correct. Une sorte de chaussure sans points faibles.

Au niveau des données « physiques », on gagne 1 mm de hauteur pour arriver à 23 mm (sans les crampons en Graphène de 4 mm). Le poids se situe toujours autour des 270 gr, et comme la dernière fois, j’ai l’impression que c’est nettement moins. C’est une des paires où on ne « sent » pas le poids.

Plusieurs choses ont changé :

  • Le look, même si on retrouve quelques traits ressemblants. Il existe ce coloris assez « flashy » ou au contraire un sobre blanc et noir.

  • La forme du chaussant. L’anatomie du pied est toujours respectée, mais on sent moins d’espace dans la toe-box. Le mesh vient plus près du pied, il manquerait presque 1/2 taille de plus au bout, sur la même pointure. PS : il existe une version plus large (« wide »).

  • Les crampons. La surface extérieure est entièrement tapissée, même s’il existe des espaces bien sûr. Les chevrons sont variés : épais à l’avant, puis inversés pour adhérer en montée comme en descente.
  • Le bloc semelle. Chose curieuse : à l’avant, il est légèrement incurvé sur les côtés. La matière amortissante est en FlySpeed. Au toucher, elle est assez dense.

Sur les premiers chaussages, j’ai un peu peur de trouver un produit juste en taille. Je vois que le bloc talon ne monte pas haut derrière, mais il tient bien. La languette est solidaire du chaussant, et déborde un peu sur la coup de pied, c’est très bien. Le laçage est classique, il se fait bien, n’appuie pas sur le coup de pied.

Le déroulé est tout à fait naturel, comme j’aime. Pas d’écrasement, un rendement naturel. La semelle a une certaine densité, mais l’amorti est présent. C’est un produit classé pour les terrains secs et rocailleux.

Sur les premières sortie à dénivelé, je retrouve l’accroche qui est de qualité, la souplesse de chaussant sur l’avant qui permet une bonne adaptation au terrain, à la pente. Finalement, pas de soucis d’orteil qui bute contre le bord. La forme à l’avant est bien pensée.

On y va franchement !
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Test chaussures de trail X-Bionic TerraSkin X00/C

C’est une grande première pour la marque Suisse X-Bionic : je vais vous présenter le test de leur toute première chaussure de trail ! Une exclusivité Run in Pyrénées

X-Bionic est une marque de qualité qui fait dans les produits techniques. Ils ont deux spécialités : les vêtements (notamment la compression, les premières couches et les produits thermiques), et les chaussettes X-Socks (trail, route, montagne). On peut dire que la qualité est au rendez-vous, et surtout la durée de vie. Les chaussettes de trail sont peut-être les meilleures du marché, et quasiment increvables. J’ai pour ma part des affaires de la marque depuis des années.

Cela étant dit, la curiosité était grande quand on m’a présenté cette nouveauté. Mais chaque test donne sa vérité, et non pas les fiches techniques du marketing (bien nécessaire, toutefois, pour nous renseigner sur la chaussure). Voyons voir ça !

TerraSkin X00/C

Découverte, premier essai

Parlons tout de suite du prix : 300 €. Je sais que ce sera un sujet pour vous, et c’est normal, mais je ne juge que la chaussure en elle-même. Bien sûr, c’est un produit qui va exclure pas mal de monde de l’achat avec un tarif si haut placé. J’apporterai comme information que le packaging contenait une paire de chaussettes TrailRun TerraSkin Expert (qui doit bien coûter dans les 30 €) ainsi qu’un sac à chaussure d’une grande taille et dont la qualité est également élevée (15/20 € à vue de nez). On se retrouve donc, d’après mon estimation, avec une paire de chaussure qui se situe plutôt autour des 250 €.

  • 319 gr
  • Drop 5 mm
  • 31 / 26 mm
  • Crampons 3,7 mm
  • Testeur : 1m78 / 62 kg

La chaussure me semble imposante : c’est ce châssis, qui se remarque de suite, qui donne cette impression. Le drop de 5 mm me convient parfaitement, et si la hauteur de 31 mm paraît raisonnable, je pense qu’elle est réhaussée par la longueur des crampons. Pas tellement proche du sol.
J’ai bien compris que ce châssis est sensé participer à la stabilité et à l’adaptation du terrain. Le dessus du mesh rappelle le tissage complexe des chaussettes, qui permet à la fois d’épouser la forme du pied, et de réguler la température. La pare-pierre est bien marqué, et l’ensemble du mesh semble bien solide. La finition du col autour de la cheville est proche, souple, mais permet de l’enfiler sans problème. Les oeillets sont solides et montent suffisamment haut pour ne pas en avoir un en « bonus ». Lacets classiques, pas de rangement prévu.
Le « Speedframe » (châssis) englobe le bloc semelle et l’upper (mesh, partie haute de la chaussure), dans le but de lier les deux et stabiliser l’appui. Le pied est accueilli comme dans une siège légèrement « baquet », sans gêne, sans coutures. Le bout est légèrement relevé, mais assez peu, on ne peut pas parler de « rocker ». Ce qui est, de mon avis, une bonne chose. Il parait qu’un élément en carbone est caché à l’intérieur de la semelle, sur l’avant. La semelle Vibram rassure toujours, pour autant je ne trouve pas les crampons très imposants.
Vous remarquerez de suite le look rose – noir – blanc différencié pieds gauche et droit, y compris pour les chaussettes.

Les premières foulées :

J’ai compris rien qu’à l’aspect qu’on avait affaire à une paire pour la montagne, et ça se confirme d’entrée : le contact est un peu sec, et la semelle ne laisse pas filtrer les cailloux pointus qui passent par là. Autant le déroulé est facile, et plutôt agréable, autant le poids se fait de suis ressentir. 319 gr, c’est trop lourd pour moi, mais cela rejoint, entre 280 et 320 gr, la fourchette classique de cette gamme de produits. Certains sont même plus lourds.

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Test Inov-8 TrailFly G 270 V2

Ce n’est pas la première fois que la marque britannique Inov-8 est testée sur Run in Pyrénées (voir ICI).

Le test proposé aujourd’hui est une nouveauté 2023, qui fait suite aux TerraUltra G 270. Ça tombe bien, j’ai eu deux paires de ce modèle. La TrailFly G 270 V2 en prend donc la suite. Je vais pouvoir vous informer sur ce qui change, et vous décrire au mieux les qualités / limites de cette paire de trail zéro drop.

Pour rappel : coureur tous terrains, 62 kg, pratiquant également en compétition.

TRAILFLY G 270 V2 sur le site INOV-8

Découverte du produit, premiers essais

La TrailFly G 270 V2 est un drop zéro, sur 22 mm de hauteur (dont 4 mm de crampons), annoncée à 270 gr. Je suis habitué des produits plutôt légers, et franchement, on ne sent pas ces 270 gr, mais j’y reviendrai.

Les différences visuelles avec le précédent modèle, la TerraUltra G 270, se situent au niveau du mesh. Le dessin est différent, mais attention, ça change pas mal de choses pour le pied. Pour la toe-box, on trouve moins de lignes de renfort, les orteils ont donc un peu plus de places. La finition sur le coup de pied, au niveau des oeillets, est moins angulaire. Le pare-pierre est un poil rallongé sur les côtés, et suivi de thermo-collés qui viennent plus hauts sur le flanc du pied. C’est léger, mais c’est à noter. Une autre différence : la forme du col autour de la cheville. La coque au talon vient un peu plus se refermer autour du pied, et c’est aussi marqué autour de la malléole.

Du côté de la semelle extérieure, rien ne bouge. On utilise toujours le Graphène pour apporter de l’adhérence, sur des crampons de 4 mm qui devraient passer partout. Les lignes de flexion sont situées aux mêmes endroits, et le PowerFlow Max constitue toujours la matière de la semelle intermédiaire.

Concrètement, ça donne quoi sur les premières foulées ?

Tout d’abord, un espace pour le pied avec beaucoup de profondeur et d’espace. C’est assez impressionnant. Je m’habitue aux chaussants larges, car le pied a besoin d’espace pour s’étaler, mais la profondeur m’oblige, comme le précédent modèle, à serrer, ce qui rapproche les deux lignes d’oeillet. J’ai tout de même un pied plutôt fin, aussi.

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Stop au délire de l’évolution des paires de running !

C’est un vrai coup de gueule adressé aux concepteurs des marques de running. Un parti pris qui concerne mon propre avis, bien que nous serons quelques-un(e)s, sans doute, à se ranger derrière cela.

Vous le savez, on propose des tests produits sur Run in Pyrénées. A bientôt 38 ans, j’ai plus de 30 ans de course à pied derrière moi, je cours sur tous les terrains, j’ai été vendeur running généraliste et spécialisé, et les chaussures de course à pied m’ont toujours intéressées.

Cela m’agace très sérieusement de constater que la grande majorité des paires de running actuelles prennent des millimètres d’épaisseur et des formes toujours plus dingues et toujours moins proches du « naturel ».

Minimalisme, maximalisme, et plaque carbone

La conception des paires de running a toujours été tiraillée entre la science et le marketing. Aux alentours de 2010, la vague du minimalisme a fait un bien fou : les chaussures se sont allégées, ont baissé de hauteur et de drop. Tout ce qu’il fallait pour tendre vers un produit efficace et un respect du corps. La limite était de ne pas tomber dans le délire du changement radical : passer d’une chaussure lourde – amortie – avec du talon,… à quasiment rien sous le pied, en pensant que ça allait résoudre les problèmes physiques. On sait que tout changement doit être progressif et motivé, avec le recul nécessaire sur les effets encourus. Voir notre article.

Pour ma part avec des maux de dos, je mettais des chaussures un peu trop lourdes et trop amorties en pensant qu’il me fallait cela pour mes douleurs. La transition fut progressive, paires par paires, pour apprécier enfin des poids modérés à légers, un drop de 4 mm idéal, et une hauteur de semelle pas trop éloignée du sol pour ressentir les informations qui en parviennent.

Ensuite, il y a eu notamment la marque Hoka qui a conservé globalement des drops peu importants, mais posé sur des hauteurs élevées, avec des semelles épaisses, et disons le, souvent molles. Quelques marques les ont imité car il y a eu une vraie adhésion d’une partie des coureurs. Mais cela restait globalement limité à quelques modèles.

Et puis il y a eu Nike et les plaques carbone depuis 2019 grosso modo. Attention, les plaques carbone existaient déjà depuis quasiment 20 ans ! C’était assez rare. L’appui marketing a fait son effet, Kipchoge et ses 2 h au marathon aussi. Plus les gens les ont essayées, plus l’efficacité remarquée a pris chez les pros, puis chez les amateurs. Et même si les prix sont hallucinants (entre 200 et 300 € la paire de running !), il fallait l’avoir ne serait-ce que pour « ne pas être désavatangé » par rapport à la concurrence. Même à petit niveau, on a voulu être au niveau de « sa » concurrence, et battre ses records à l’aide de la technologie. L’efficacité est semble-t-il réelle, peut être aussi grâce à un effet placébo, mais force est de constater tous ces records qui sont tombés ces trois dernières années… Bref.

Il faut se rappeler qu’un certain Sébastian Coe, ex champion olympique du 800 m (et athlète Nike…) président de World Athletics depuis 2015, a autorisé la norme officielle : ne pas dépasser 40 mm avec ces chaussures. Ça tombe bien, pile poil ce qu’il faut pour une semelle avec plaque carbone. Cela nécessite une grande épaisseur, des formes de semelles particulièrement incongrues, du moins éloignées d’une forme naturelle.

Exemple de la Kinvara 14 – Instagram Roadtotrailrun

Si encore on en était resté aux plaques carbone…

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