S’adapter, c’est quelque part tout l’art de l’entraînement, toute l’intelligence dont doit faire preuve (pour lui) le coureur.
Qu’il soit coureur de haut niveau ou amateur, l’athlète doit aussi bien adapter son entraînement à son quotidien et ses contraintes, que l’entraînement doit être adapté au coureur et ses caractéristiques. Si le même schéma devait être donné à tous les coureurs et devait faire fi des toutes ces variantes, on irait vite dans le mur.
Plan d’entraînement : oui, avec de la souplesse
Il ne s’agit pas de devenir une danseuse étoile. Mais dans le cadre nécessaire d’un plan d’entraînement, il faut que ce qui est prévu puisse être modifiable. En cas de progrès, bien sûr, dans ce cas on ré-adapte qualité et quantité.
En cas de fatigue ou de maladie, le coureur prend du retard, et en fonction de la durée ou de la gravité, il peut même régresser. Il est hors de question de continuer sur la même voie. On révise son plan, et en aucun cas il faut reprendre où il s’est arrêté. Même s’il a l’impression d’être guéri ou de se sentir bien. Un coureur non expérimenté peut se tromper là-dessus, et un habitué peut vouloir se bluffer… ça ne marche pas !
Même quand tout va bien, il y a les imprévus du quotidien. Une séance peut sauter, on fait moins de qualité et de volume que ce qui était prévu dans la semaine. Attention là aussi à ne pas rattraper le retard, ou à laisser s’enchaîner deux séances similaires. On doit à chaque fois ré-adapter. Il faut voir le plan dans son ensemble, par période, par « cycle ». C’est pour cela qu’il y a une planification annuelle, quand on veut bien s’organiser, et des cycles de plusieurs mois, plusieurs semaines aussi. A l’intérieur, il faut savoir lever la tête du guidon et prendre du recul. On ne progresse pas en se collant des quantités (« No pain, no gain » c’est dépassé !) sans réfléchir, sans savoir POURQUOI on le fait.
Quand il fait mauvais, on fait quoi ?
ON S’ADAPTE ! On change, on fait autre chose, on fait attention à ne pas se blesser et risquer sa santé pour rien. Combien de coureurs un peu « bornés » sur les bords vont aller braver le mauvais « parce que c’est prévu ».
Quand vous préparez votre épreuve « chrono » (10 km, semi-marathon…) et que vous bossez votre allure course, vous préparez une séance clé, pas évidente en plus. S’il pleut averse, que le vent souffle, vous ne pourrez pas respecter l’allure. Vous pouvez vous y épuiser en étant hors des clous, à l’extérieur ou sur piste avec un terrain détrempé vous allez forcément ralentir et modifier votre foulée, vous risquez peut-être même de tomber malade : tout ce qu’on ne veut pas ! Si vous avez un tapis, c’est le moment de l’utiliser. Si vous n’en faites pas, remplacez par une séance de gainage. Repoussez votre séance au lendemain, essayez de faire attention à votre plan pour repositionner cette séance. Les conseils des anciens, des habitués ou des coaches sont là pour ça !
Quand il fait très froid l’hiver, lors d’un bon -6 / -8°C, ne faites pas le guerrier et évitez la grosse séance de VMA. Du moins, pas sur le rythme prévu. Vos muscles sont plus raides et peuvent « casser » avec l’intensité, votre sang circule moins bien et le coeur doit faire plus d’efforts, les poumons demandent beaucoup d’air, et s’il est très froid, il agresse les muqueuses et les voies aériennes, ce qui peut vous faire tomber malade. Du bon sens pour ne pas manquer ses objectifs !
Trop chaud ou trop froid, baissez les allures, privilégiez l’endurance, préférez les jours ou les heures ou le temps est plus clément !
Prendre du recul et s’écouter
Il existe de multiples cas où le coureur doit s’adapter : en déplacement, en vacances, lors d’une séance avec des copains, après un accouchement pour mesdames, si vous avez l’occasion de participer à une course non prévue… bref.
Dites-vous que :
- Vous devez voir votre entraînement dans sa globalité. Le moindre grain de sable ne va pas tout remettre en question. Il faut aussi savoir rebondir et ne pas insister physiquement si ça ne passe pas.
- Tout en voyant cela dans son ensemble, c’est sur des détails que vous devez savoir revenir : un changement d’allure en fonction de votre partenaire d’entraînement, de la météo, etc ; une séance à décaler en vue de perturbations dans votre emploi du temps…
- Il faut respecter son corps. Il y a des moments où vous pourrez tout lui demander, profitez-en, insistez même un peu à des moments ! Il y en aura d’autres où il faudra l’écouter, se reposer, vous soigner. Vous vivez dedans : prenez-en soin !
Tout cela, c’est surtout du bon sens. Le corps et les effets physiologiques de l’entraînement sont des choses assez complexes. En les connaissant, ou en se les faisant expliquer, on comprend mieux pourquoi. On essaiera de temps en temps de le faire. Ça peut paraître bizarre, mais quand vous accumulez l’entraînement, il y a des moments où il n’a plus d’effet sur vos capacités. Inversement, on ne perd pas tout après 5 ou 10 jours de repos. Il y a des moments pour accumuler des séances, des bornes, et d’autres où il faut ralentir et où ça vous fera tout autant progresser. Il y a des raisons pour l’un et pour l’autre !
On pourrait donner des conseils concrets et pratiques, mais il faudrait les adapter à chacun. N’hésitez pas cependant à poser vos questions !