Dans la semaine précédent la course, c’était canicule. Des journées à 38°C, un « four » dès qu’on allait dehors. Quasi impossible de s’entraîner, si ce n’est le matin avant 10h. Dans les maisons, il fait 25 à 29°C… difficile à supporter ! Usant. Les traceurs des Esclops, notamment Daniel et Clément, étaient sur le massif des Gabizos en short / t-shirt. Et puis…
Le jeudi, on se rend bien compte que le temps est en train de changer. Les orages arrivent. De gros orages. Daniel prend la décision de modifier totalement le parcours. Ils vont aller du côté de Couraduque, du Pic de Bazès, et reprendre ensuite le tracé de la Tuque. Bien trop risqué de laisser des coureurs grimper à 2400 m par ce temps. La course est samedi. En si peu de temps, il faut tout réorganiser, parcours et équipes. Il faut que l’information passe. Pas de problème, c’est validé. La veille, c’est le déluge sur la route d’Arrens-Marsous ! Mais il est temps… Prêts pour un 5è Gabizos bien humide, mais passionnant !
Samedi matin, crachin. Quelques fois, ça s’arrête, avant de reprendre. Les coureurs savent ce qui les attend : une météo humide, et un terrain gras. Les 28,5 km / 1900 m+, qui semblent moins durs que la Gabizos Skyrace, ne vont pas être si simples. Certaines portions sont cassantes, les descentes glissantes, et si ce n’est en début de course et le passage entre les deux boucles, ça ne va pas être de la tarte.
Avant le départ, je prend le temps de citer Yann Mondot, local de l’étape, deux fois vainqueur, Robin Juillaguet en invité, dans les meilleurs sur le territoire dans cet exercice, et puis bien entendu Blandine Lhirondel, « notre » championne du monde de trail, que l’on fait s’avancer car bien discrètement positionnée à l’intérieur du peloton. C’est parti !
Ensuite, place à la Tuque. Didier Zago, champion de France de course en montagne en titre et son dauphin Sylvain Cachard sont au départ ! Également Paul Iratzoquy, deux fois 2nd sur cet événement, Nicolas Apiou, Jérôme Camacho et un paquet de jeunes Esclops aux dents longues. Sylvain fera le « lièvre » pour Jade Rodriguez, championne de France de course en montagne junior. Justine Lanne qui détient le record de l’épreuve est là, elle a connu l’équipe de France l’année dernière et ose à peine en porter la veste. « Tu la mérites, porte-là fièrement ! » lui dis-je. Bref, il est temps de lâcher les fauves !
Zago et Rodriguez à fond sur la Tuque !
Les 9,5 / 520 m+ de la Tuque, c’est rapide, mais si on va trop vite, on peut aussi serrer le moteur et partir dans le décor en descente. Didier Zago prend les choses en main, mais Paul Iratzoquy est un bagarreur, et il ne concède rien. Les garçons sont 3è et 4è de la dernière Skyrhune. Là, ils se retrouvent, Didier ne lâche pas et donne toujours le meilleur. Avec Paul, le niveau s’est élevé, et en 44’55 puis 45’30, ils sont tous les deux sous le record de l’épreuve ! Dans ces conditions… Jérôme Camacho, en 46’55, est dans les meilleurs temps, montrant ainsi sa forme malgré une cheville qui est partie dans la descente ! Nicolas Apiou, Julien Camacho se placent. Alexis Barrau, « premier » jeune (junior), devance Pierre, Antoine ou Paul.
Chez les filles, Jade Rodriguez démontre toutes ses qualités. Avec un passé dans le biathlon et le ski de fond, on comprend que la jeune fille ait eu les qualités pour être championne de France junior. En 56’36, record battu de plus de 2 minutes ! 14è du général, chapeau… Derrière, ça bataille « grave ». Alice Levron et Justine Lanne se côtoient. Justine grimpe fort. Ensuite, ça roule un peu, et puis il reste la descente, piégeuse nous ont dit les garçons. Enfin, il reste 500 m sur le bitume pour finir. Alice met le turbo pour se détacher de Justine, que l’on voit vite apparaître dans son dos ! 1h00’03 contre 1h00’12, quelle bataille ! Alicia Hourdebaigts et Marie-Charlotte Iratzoquy sont dans le top 5. Il y avait 73 féminines sur 202 coureurs de cette Tuque.

Mondot avec émotion, Lhirondel dans le top 5 !
Le début de parcours est roulant, petite bosse et au pied du col de Couraduque, il faut monter sérieusement. Robin Juillaguet lance les hostilités avec deux premiers kilomètres en moins de 3’30. Yann Mondot reprend la main à Couraduque, Nicolas Bouvier-Gaz un peu plus loin. Robin est suivi de Romain Cabarrou, Yann Blanchard, Nicolas Tabarant, Blandine Lhirondel et Mathias Serrut.
Au col de Haugarou, qui fait suite au tour du Pic de Bazès, ça se regroupe. Yann, Robin et Nicolas (Bouvier-Gaz) sont ensemble. Les cartes sont rebattues, mais il semblerait que ce sera notre trio de tête. Attention, il reste du chemin… Philippe Lanne, président des Esclops, annonce Yann dans la descente ! En bas, Nicolas est avec lui. Les jambes reviennent après quelques mois de moins bien, ça fait plaisir. Attention, Robin est dans le coup. Blandine impressionne les spectateurs. Légère et puissante en montée, elle passe de 8è à 6è dans la descente.
Il reste ensuite, à partir de Marsous, à entamer le parcours de la Tuque. Rien n’est fait devant, et notre championne du monde poursuit sa remontée ! Elle revient bientôt sur Nicolas Tabarant, dont on connaît la valeur, et qui fait qui plus est une belle année. Nicolas nous confirmera les impressions générales sur la championne, puis devra faire face à un gros coups de moins bien par la suite.

Au sommet de cette boucle, Yann en tête ! Encore présent au rendez-vous ! S’il est seul au village, il va y avoir une grosse ambiance. L’Esclops double vainqueur, aussi rapide que sympathique, chouchou à Arrens-Marsous ! Le président est en feu, Yann déboule sur le centre du village, accompagné de ses filles, à nouveau vainqueur sur les Gabizos ! 2h41… Pas le temps de se retourner, qu’à peine une minute derrière c’est le jeune Robin Juillaguet qui arrive ! Nicolas Bouvier-Gaz, 3è, à un peu moins de 3 minutes. Quelle bagarre, et quel podium… Mathias Serrut excellent 4è, avec une bien belle gestion.
Yann : « Je suis super content de gagner ici… Je suis très ému… Il y a eu beaucoup d’efforts pour en arriver là, et je voudrais remercier ma famille, mon coach Nicolas Fabre, et cette victoire pour mon président et les gens d’Arrens-Marsous ».
Robin : « c’était une super course, j’ai adoré le parcours, même si on n’a pas pu profiter complètement du paysage. Merci pour l’invitation ! ».
Nicolas : « si on m’avait dit que je ferai un podium comme celui-là il y a pas longtemps, j’aurai signé de suite ! Les jambes reviennent bien, même si elles n’ont pas tenu toute la course, ça revient, elles seront peut être là 100 % du parcours sur la prochaine ».
Pendant ce temps, Blandine Lhirondel survole la course ! Aussi bien impressionnante que souriante, elle est annoncée 5è à l’approche de l’arrivée. Vous imaginez ? 5è au milieu de garçons de qualité. Cela nous rappelle que récemment, Christelle Lazard, sa collègue de l’équipe de France, a gagné le format marathon à Luchon. Pas habitués ? On est ravis, tout est une question de jambes, d’entraînement, de niveau… et là, c’est la championne du monde de trail qui arrive à Arrens et inscrit son nom au palmarès des Gabizos ! Après Kortazar ou Pauly… que de sacrées athlètes. Elle termine seulement 10 minutes après Yann ! Ensuite, on retrouvera Louise Thébault qui a augmenté son avance sur la 3è place. La coureuse de Fréjus ne rigole pas : elle a déjà terminé 4è de la Pastourelle, et a signé un record sur 10 km en 36’24 en début d’année : chapeau… et podium 2019 ! Derrière, suspense jusqu’au dernier moment de la descente, où Marie Lacaze, longtemps 3è, a failli voir revenir Mélanie Finas à 20s près ! Après 3h39 d’effort. Céline Finas n’est pas si loin. Les Esclops Olivia Magnone et Mélanie Tricaud un peu plus loin. Quelle course !
Blandine : « Ah je me suis régalée ! Même si on n’a pas pu profiter à fond du parcours, on voit que c’est un beau coin. C’était super bien tracé, et mine de rien il y avait du monde sur le parcours et une belle ambiance ! Il va falloir revenir pour profiter de tout ça ! »
RENDEZ-VOUS le 25 JUILLET 2020 !
Pour finir…
Malgré un ou deux bobos, on sent que les coureurs se sont régalés. On sautait de joie dans les flaques à l’arrivée. Avec les traces de boue, sur les fesses ou sur les côtés, on a très vite que certaines portions étaient devenues glissantes ! Les figures de style devaient se succéder dans la descente vers Marsous ou dans celle de la Tuque. Certains en avaient plusieurs au compteur « 6 ou 7 ! » pouvait-on entendre avec une certaine fierté (et beaucoup d’amusement). Yann, notre ami coureur « barefoot », malgré la pluie : « pas de chance pour moi, il a encore plu cette année. Mais bizarrement je me suis plus amusé que d’habitude en descente ! ».
Au moment de la remise, choix difficile : tout le monde était devant l’écran à l’intérieur, à regarder la dernière étape de montagne du Tour de France. On aime le sport, la course est passée à Arrens la semaine dernière… Allez, on attend un peu. Du coup, on a eu beaucoup de monde pour applaudir les champions, à côté des autorités et des partenaires 2019. « C’est peut-être la plus belle édition qu’on ait eu », disait Philippe Lanne. « Parce que malgré les conditions, vous avez répondu présents, on a vu des gens heureux et des champions qui ont tout donné »…
Et puis ensuite, c’était l’heure des enfants. Les conditions étaient meilleures, la pluie s’était arrêtée, et un monde fou était présent au bord du parcours pour les encourager ! Les champions de demain. Ils donnent tout. Un régal !
Après les chants montagnards entonnés dans l’après-midi, place au concert dans la salle des fêtes. On refaisait le monde autour du bar, ou on dansait en rythme à côté. On parlait fort, ou on chuchotait.. On refaisait la course, ou le monde. Le lendemain, les Esclops étaient déjà tournés vers l’édition 2020. On est à peu près sûr que les champions vont revenir. Et il pourrait y en avoir d’autres : la Tuque 2020 sera légèrement modifiée pour accueillir une manche de coupe de France de montagne !
Ressenti : Le mot champion revient souvent car les Esclops aiment la compétition. Mais elle ne vaut rien s’il n’y a pas de l’humain derrière ça. On a découvert des Lhirondel et des Cachard avec des visages rayonnants et une fraîcheur extraordinaire. Simples, abordables, drôles. S’il n’y a pas de coeur et d’humain, il n’y a pas cette émulation au sein du club, cette ambiance sur la course, et ces athlètes sur la ligne de départ. L’amour des gens, des choses bien faites, le tout dans une ambiance fraternelle.
RÉSULTATS
Photos Gabizos avant et après
Photos de la Tuque
Photos les Gabizos
(Photos Pierre Meyer et Christophe Dauphin… à compléter…)
> Facebook Gabizos et Site internet
4 commentaires sur « Trail les Gabizos : une 5è arrosée et des champions épatants! »