L’été a joué les prolongations le 22 septembre dernier lors de la 5è SkyRhune. Le soleil a chauffé plein fer sur la tête des coureurs dans une ambiance par nature déjà bouillonnante, et les « têtes brûlées » l’ont payé au prix fort !
Petit tour sur la Rhune en matinée : le décor montagneux avec l’océan en fond fera sans aucun doute son effet, le cadre est splendide ! Mais il se mérite… Et il fait déjà chaud. Les coureurs vont en baver, c’est certain.
A 13h30, les jeunes s’élancent au sprint, pour une épreuve de 10 km / 600 m+ qui va durer environ 50 min – 1h. Dans ce peloton des 15-20 ans, des habitués à la compétition pour la plupart, dont certains avec des sélections au compteur et des références solides. Par exemple, le vainqueur François Joseph Bové (19 ans) qui a terminé 36è des mondiaux de course en montagne à Canillo (Andorre) et qui vaut 14’55 au 5000m. Il l’a emporté en 51’13 ! Mélissa Hourdebaigts, la landaise, fait de même chez les filles en 1h06’49.
Place aux bolides avec une start-list de folie, peuplée et dense comme jamais. Le peloton a enflé avec ce tirage au sort « bonus », et on s’attend à une grosse bataille à l’avant, mais avec la chaleur, attention à celui qui en fait trop…
Le départ lancé à 14h, le premier objectif est ce fameux 1er kilomètre qui devient prestigieux, encore faut-il aller le chercher et terminer la course pour mériter la récompense ! Kevin Deschamps, Pierre-Laurent Viguier et Baptiste Mesmacque Chaubadendeguy se livrent une bataille féroce, où la jeunesse et la force de ce dernier fera la différence. On rappelle qu’il faut ensuite terminer le parcours pour mériter le maillot !
Au 2è km, début d’une pente plus sévère, et du caillou. On voit Jan Margarit le jeune espagnol qui donne le tempo, avec Thibaut Baronian, Nicolas Martin, Didier Zago, puis Benoît Galand, ou encore Ander Iñara et Alexandre Fine. Mais on peut remarquer que le rythme est un peu moins soutenu que l’an passé. Il vaut mieux, car ça cogne dur !
Le meilleur temps de la montée est pour Thibaut Baronian. La suite fut compliquée pour lui… Il nous raconte, une fois la ligne passée en 11è position : « j’avais dans l’idée de remporter la montée. Mais après, j’ai pris un énorme coup de chaud… Chaud, froid, tremblant… j’ai pris le temps de bien récupérer au ravitaillement car ça n’allait vraiment pas ! Après, c’est passé, heureusement… Mais que ce fut dur ! ». Le vainqueur de l’an passé et recordman a reculé jusqu’à la 35è place, pour revenir tout de même 7è, puis finalement 11è.
En descente, le meilleur temps revient à Gaël Reynaud, qui a limité la casse (20è) malgré une surchauffe, et une peau marquée par le soleil, car il avait choisi de courir torse nu. Sourire à l’arrivée tout de même et poignée de main, on constate là aussi l’effort fourni.
Anaïs Sabrié mène la danse devant. Céline Lafaye, 2è temps féminin sur ce parcours, part plus doucement, mais vu son niveau tout est possible. Sauf qu’Anaïs, vice championne de France puis d’Europe de course en montagne, est sur un nuage. Elle est très bien placée au général, et l’espagnole Oihana Kortazar (vainqueur aux Gabizos) ne peut pas suivre. Clémentine Geoffray, 3è l’an dernier, abandonnera après quelques soucis gastriques dûs à un coup de chaud.
Pendant ce temps, Didier Zago disperse le peloton. Nicolas Martin est là, il prendra la mène ensuite, mais c’est finalement l’espoir Julien Michelon (Team 05) qui bascule au sommet avec quelques secondes d’avance, tandis que Zago est à 2min environ. Galand est encore dans les 5. Mais autour, c’est l’hécatombe : Fine abandonne, malade. Adrien Michaud, 2è l’an passé, connaît de grosses difficultés. Les barrières horaires stoppent bon nombre de participants.

Anaïs Sabrié est la plus rapide au 1er kilo, c’est également la plus rapide sur le chrono de la montée. Elle est 9è sur cette portion, à seulement 1’40 d’un Zago… impressionnante ! Sur la partie descendante, c’est Maud Combarieu qui va le plus vite, elle terminera 5è du général et s’offre une super place ici pour cette championne, basque d’adoption. Elle avait largement le sourire et profitait bien après une saison où elle reprend de belles couleurs et un joli niveau ! Gaël Reynaud fera le meilleur temps sur cette portion.
Sur la ligne d’arrivée, les spectateurs ne savent pas si c’est Nicolas Martin ou Julien Michelon qui va débouler. L’ambiance monte et finalement c’est Martin qui s’offre, doigt pointé vers le ciel, la 5è SkyRhune en 2h01’44 ! Superbe course d’un de nos meilleurs français depuis plusieurs années, vice champion du monde de trail 2016. Il a finalement battu Julien Michelon, la surprise de l’édition 2018.
– J’ai terminé combien ?
– Tu es 2è !
– 2è !? Non… C’est vrai ?
(Julien Michelon)
Mais ce jeune homme, venu des Hautes Alpes, n’est pas n’importe qui : il a terminé 11è des France de Trail court à Montgenèvre, et fait partie des meilleurs français en ski-alpinisme. Il se destine à passer dans le PGHM. S’en suit une conversation assez drôle :
« – Bravo pour cette performance ! Super résultat, surtout avec tout ce beau monde !
– J’ai terminé combien ?
– Tu es 2è !
– 2è !? Non… C’est vrai ?
– Eh bien oui ! Nicolas Martin, qui est là à côté de toi, vient de gagner, et c’est toi le 2è !
– Mais c’est sûr ?
– Ah ben oui c’est sûr ! On t’a vu basculer en tête au sommet sur l’écran, et là tu finis 2è, c’est super !! Tu pensais que tu étais combien ?
– Je sais, pas, dans les 10 je croyais… Oui c’est super oui !! »
Il ne s’en était même pas rendu compte…
Nous allons voir Nicolas Martin :
« Nicolas, chapeau, ça doit faire plaisir de gagner ce genre de course ! Tu venais pour la première fois ici ?
– Oui c’est la première fois. Mais avec toutes les photos et les nombreuses vidéos qui existent, j’ai bien préparé la chose !
– Le jeune Michelon n’est pas loin finalement, il t’a suivi jusqu’au bout… ou presque.
– Non, en fait, j’ai été presque toujours devant. Il n’y a qu’au sommet ou il bascule en tête, mais après, il est descendu vite, et je ne l’ai revu qu’à la fin ! Dans les deux derniers kilomètres un peu plus roulants, je suis passé ».
Michelon n’est qu’à + 26s, puis Zago déboule à moins de 4′ du vainqueur. Encore sur le podium, et une très belle année pour Zago, jeune master désormais. Paul Iratzoquy fait la performance de sa vie, 4è :
« Superbe performance Paul ! C’est ta plus belle celle-là non ??
– C’est dingue… j’y crois pas, j’y crois pas !
– Oui, superbe ici et avec ce plateau ! Au fait, superbes dessins dans le livre de Brice…
– Merci… il est fort ce Brice, quel livre ! » (Paul a dessiné pour le livre « Des Nuages plein la tête » de Brice Delsouiller).
Ander Iñara est 5è, et la suite est pleine de surprise… et Anaïs Sabrié termine 13è du général en 2h15’30, les 2h22 d’Ingrid Mutter sont loin… Mais quelle grande performance ! Oihana Kortazar, récente vainqueur des Gabizos et deux Zegama à son compteur en 2011 et 2012, est reléguée à 18 minutes. Elise Poncet, 3è, auteur de la 2è meilleure descente, s’écroule après la ligne. Elle a fait un peu peur à tout le monde, mais les soins ont été efficaces. Encore une jeune fille membre de l’équipe de France de course en montagne. Céline Lafaye termine juste derrière elle, puis suit Maud Combarieu. Dans le top 10, les coureuses du 64 Servant, Vignot ou Dinclaux.
Un classement final impressionnant avec de nombreux bons coureurs, même loin, mais le listing de départ l’était encore plus et les abandons sont nombreux dans ces conditions… Il ne faut pas oublier non plus que la SkyRhune est une course très exigeante.
L’ambiance n’a pas été démentie, toujours forte, toujours folle, toujours dans le respect des coureurs et de la nature. Les tablées d’après course furent encore garnies pour qui voulait en profiter. La suite, ceux qui sont restés jusqu’à tard pourront vous en parler.
La SkyRhune continue sa route, avec une équipe motivée et à sa tête un Nicolas Darmaillacq consciencieux, passionné et d’un dynamisme à toute épreuve !
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Mathieu, Run in Pyrénées
5 commentaires sur « Une SkyRhune 2018 enflammée ! »